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De Jönköping à Paris, les 5 survivants des Majors

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Ils étaient 80 en novembre 2013, dans le froid hangar de Jönköping, à disputer la DreamHack Winter, le premier Major de l'histoire de CS:GO. Et puis les saisons ont passé, certains ont quitté l'élite, d'autres ont abandonné l'esport, plusieurs ont pris leur retraite. 9 ans et demi plus tard, de ces 80 pionniers, seuls 5 seront encore devant leur écran à Paris, pour prendre part au 19ème et dernier Major de CS:GO. 5 traits d'union à travers une décennie de Counter-Strike.

Peter "dupreeh" Rasmussen, le plus fidèle des fidèles


(photos : HLTV)

Il est l'unique joueur à n'avoir raté aucun Major. 19 tournois, 19 participations. Un exploit phénoménal couplé à un autre record, celui du nombre de victoires dans les tournois de Valve : 4, partagé cette fois-ci avec ses anciens coéquipiers device, Xyp9x et gla1ve.

Avec les deux premiers, dupreeh a longtemps tourné autour du pot, en Major comme ailleurs. Avant le triomphe à l'ELEAGUE Atlanta Major 2017, après une remontée d'anthologie sur Train, troisième carte de la finale, les Danois avaient pris l'habitude de perdre quasiment tous leurs matchs couperets, même lorsqu'ils étaient favoris. Les neuf premiers Majors de dupreeh se sont ainsi conclus sur cinq quarts de finale et quatre demi-finales.

La roue a fini par tourner et Astralis a tout renversé sur son passage. La meilleure équipe de l'histoire de CS:GO ne sera jamais dépassée sur ce jeu et dupreeh y est pour beaucoup. Entre 2013 et 2020, il fut constamment désigné par HLTV comme l'un des 20 meilleurs joueurs du monde – à l'exception de 2016, sa seule absence –, pointant à la 5ème place en 2018, son classement le plus haut.

Surtout réputé pour ses qualités d'ouvreur, mais aussi capable de rentrer de jolis clutchs et de bâtir de solides murs en défense, dupreeh est l'une des constantes de Global Offensive. Toujours au top niveau, toujours dans une des équipes les plus regardées du monde, dix années durant.

Ce serait toutefois mentir de dire qu'il possède encore la même aura chez Vitality, son équipe actuelle, où il occupe plus souvent le bas du scoreboard, malgré quelques coups d'éclat. Il lui reste un Major pour rappeler à tous qu'il en a encore sous le coude. Ensuite, l'ère CS:GO sera terminée, et dupreeh n'aura plus grand-chose à défendre.

 

Dan "apEX" Madesclaire, le résistant

(photos : HLTV)

On pensait peut-être que ce serait shox, jamais absent lors des 17 premiers Majors, qui se retrouverait là. Ou NBK, le faiseur de rois, qui parviendrait à ramener une équipe tricolore en Major. Ou pourquoi pas kennyS, qui rêvait d'impressionner une fois de plus le monde avec son AWP. Mais non : le seul Français qui est toujours au Major dix ans plus tard, c'est apEX.

apEX, l'ancien ouvreur devenu leader, au grand dam de ceux qui pensaient que son émotivité l'empêcherait de mener correctement ses hommes à la bataille. apEX, le seul joueur de la scène à avoir remporté une lan internationale tous les ans depuis 2013, et qui a déjà rempli le contrat pour 2023 en s'imposant lors des IEM Rio, même si on se doute qu'une apothéose à Paris serait bien plus symbolique.

apEX, donc, vétéran ayant échappé aux marasmes d'une scène française à l'agonie, portée toute entière par un phénomène du nom de ZywOo. L'ancien Clan-Mystik, Titan, EnVyUs et G2 a su se réinventer pour survivre aux vagues de changement et être toujours présent parmi les meilleurs. Alors oui, Vitality, ce n'est pas toujours beau à voir, et on continue de s'interroger sur le bien-fondé du recrutement du trio danois (dupreeh, Magisk, zonic) début 2022. Mais l'équipe reste au moins un outsider évident dans toutes les compétitions auxquelles elle participe, et le Major de Paris ne fera pas exception. Si apEX veut écrire l'une des plus belles histoires du Counter-Strike français, il sait ce qu'il doit faire.

 

Finn "karrigan" Andersen, l'art de rebondir


(photos : HLTV)

Et si le meilleur leader de CS:GO, c'était lui ? Plus les années passent, et plus karrigan apparaît comme un prétendant évident à ce titre honorifique. Parce que contrairement à FalleN, pronax ou gla1ve – avec qui il évoluait à la DH Winter 2013, chez n!faculty –, il a su gagner avec plusieurs équipes très différentes, se relevant ailleurs à chaque fois que son temps avec l'une était arrivé à sa conclusion.

karrigan a débloqué le verrou mental du choke chez TSM en 2015, justifié l'investissement de FaZe sur CS:GO en 2017, fait connaître à MOUZ ses plus belles heures en 2019, puis remis ça chez FaZe en 2022, l'emportant en un semestre à Katowice, Cologne et au Major. Un triplé fantastique.

Leader à l'ancienne dont la valeur se mesure partout sauf sur le scoreboard, karrigan traîne toutefois une certaine inconstance qui peut réduire ses paroles à néant lors de certains tournois. Viennent évidemment à l'esprit les deux finales perdues de FaZe en 2018, au Major de Boston et à Katowice, alors qu'elles semblaient gagnées d'avance ; mais aussi, plus récemment, des tournois où l'équipe internationale est méconnaissable, comme le dernier Major à Rio où FaZe perdit littéralement tous ses matchs.

La formation s'est encore fait incroyablement peur à la qualification pour Paris, ne devant son salut qu'à la dernière chance, en sacrifiant Cloud9 au passage. Finalement, pour un artiste du rebond comme l'est karrigan, cette frayeur n'était-elle pas la meilleure préparation possible ?

 

Freddy "KRIMZ" Johansson, le roc suédois


(photos : HLTV)

Il a quitté le bonnet et les lunettes qu'il arborait dans les temps anciens. En échange, il a conquis une place au panthéon suédois. Il y a dix ans, KRIMZ débarquait à la DH Winter avec LGB, la troisième équipe suédoise derrière NiP et fnatic, et détonnait déjà en piquant une carte aux ninjas en quart. On ne savait pas encore que cette line-up rescellait plusieurs joueurs qui éclabousseraient le monde quelques années plus tard : olofmeister, dennis, Maikelele (alors connu sous le nom d'eksem) et, donc, KRIMZ.

Son recrutement chez fnatic à l'été 2014, en même temps qu'olof, va marquer la scène. D'abord parce qu'il va donner naissance à la meilleure équipe de l'époque, la première à remporter deux Majors de suite, en 2015 ; ensuite parce qu'elle va déboucher sur l'un des mariages les plus longs entre un joueur et une structure. À l'exception d'une infidélité de deux mois chez GODSENT en 2016, KRIMZ et fnatic ne se sont jamais quittés. Les grandes heures, les doutes, les déceptions, l'internationalisation : le divin chauve a tout connu, sans jamais (ou presque) que sa place soit remise en question.

Meilleur fixe du monde fut un temps, KRIMZ a quelque peu baissé sa garde depuis. Il reste toutefois un clutcher redoutable et un homme rempli d'expérience, dont le calme en toute situation ne peut qu'aider une équipe à rester sereine. Ce ne sera sans doute pas suffisant pour que fnatic revienne sur le toit du monde, mais cela permet à la Suède de se souvenir que, fut un temps, elle marchait sur le monde sous les couleurs jaune et noire.

 

Casper "cadiaN" Moller, l'anomalie


(photos : HLTV. Celle de gauche ne vient pas de la DH Winter 2013 mais de la CPH Games 2014)

19 Majors disputés pour dupreeh, 17 pour apEX et karrigan, 16 pour KRIMZ et... 8 pour cadiaN. Dans cette liste, le Danois est un intrus. Cette différence s'explique par sa carrière chaotique et par un trou de quatre ans : cadiaN a joué trois des quatre premiers Majors, puis plus aucun jusqu'au FACEIT Major 2018 ! La faute à des divagations dans le subtop danois puis européen, et à une attente d'un an avant que son exil américain, chez Rogue, ne paie et lui permette de retrouver le plus beau des tournois. Il finit le Minor qualificatif en larmes et met fin à plusieurs saisons de disette.

La suite, on la connaît mieux : un passage chez North pour renouer avec la scène danoise, avant son recrutement chez Heroic où il récupère l'AWP et, un peu plus tard, le lead. À partir de là, cadiaN va construire une équipe amenée à jouer les premiers rôles. Elle profite de la période en ligne, durant le Covid, pour se révéler au monde et tente, depuis, de confirmer en lan. Quart de finaliste à Anvers, demi-finaliste à Stockholm, finaliste à Rio : Heroic a tout connu en Major depuis la reprise, si ce n'est la victoire finale. Tout semble tracé pour que le bouquet final ait lieu à Paris. cadiaN bouclerait ainsi une carrière atypique sur CS:GO, démarrée sur un braquage, lorsque sa toute jeune équipe de Xapso s'était qualifiée pour la DH Winter 2013 en sortant du BYOC, grâce à une dernière victoire contre les favoris de mousesports.

Adoré ou détesté pour son franc-parler et sa passion extrême, cadiaN reste un exalté du collectif qui donnerait tout pour faire gagner les siens. Il fallait le voir consoler ses coéquipiers après la finale de Rio, où lui et son équipe s'étaient ratés dans les grandes largeurs. "On dirait que tu veilles sur eux, mais qui veille sur toi ?", lui demandait alors le journaliste de la BBC dans le très bon documentaire Game and Glory. cadiaN fut incapable de répondre. Derrière le leader, le sniper, le clutcher et le joueur qui dispute des Majors à une décennie d'intervalle, il y a toujours un homme, avec ses doutes et ses questionnements.

 

Eux aussi seront encore là

Ils n'auront plus une souris entre les mains, mais deux joueurs supplémentaires de la DH Winter 2013 feront le déplacement à Paris en tant que coach. Et pas n'importe lesquels, deux finalistes : Devilwalk, vainqueur avec fnatic, qui épaule désormais Bad News Eagles ; et Xizt, médaillé d'argent avec Ninjas in Pyjamas, aujourd'hui sixième homme d'Heroic.

Du côté de l'analyst desk, ajoutons Maniac et Pimp : le premier était quart de finaliste à Jönköping avec Recursive, le second avait été sorti en poules avec n!faculty.

Hors joueurs, Anders castait en 2013, et il castera encore en 2023. Et chez nous, il y a Dorian, qui avait couvert la DH Winter sur place, et fera également le déplacement à la capitale. Vive Counter-Strike.

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