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15 finales de Major, 15 histoires différentes
Dans un espace-temps parallèle, ce dimanche 22 novembre 2020 est synonyme d'apothéose à Rio. La finale du 16ème Major de l'histoire de CS:GO, reporté une première fois, aurait en effet dû se dérouler ce soir. Mais la pandémie de Covid-19 sévit toujours et a finalement poussé Valve à annuler toute compétition majeure pour cette année. Pas de finale, donc.
Tant pis. Il y en a 15 autres à revoir pour se consoler.
DreamHack Winter 2013 : la plus surprenante
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Le premier Major ne pouvait qu'être gagné par Ninjas in Pyjamas ou VeryGames, les deux équipes au-dessus du lot durant la première année de vie de CS:GO. fnatic en décida autrement. L'arrivée en finale des hommes de pronax était déjà étonnante, le nouveau leader ayant rejoint ses partenaires à peine trois semaines avant la compétition. Personne n'avait prédit qu'un derby suédois déciderait du vainqueur du premier Major. En revanche, une fois l'affiche connue, tout le monde aurait misé sa maison sur Ninjas in Pyjamas.
Et c'est là que cette finale bascule. fnatic ne va pas juste vaillamment résister. Le challenger va clairement rivaliser avec son adversaire du jour. Il va surprendre son monde en remontant un déficit de 3-12 sur Dust2 pour l'emporter 16-14 après un splendide side offensif, en ne cédant pas mentalement après un lourd revers 6-16 sur Inferno, en bâillonnant des ninjas pourtant réputés intraitables sur Train, 16-2.
D'autres finales auraient pu être considérées comme surprenantes. Mais celle-ci l'est d'autant plus que fnatic a fait preuve d'une nette autorité et que les NiP ont paru submergé comme rarement auparavant. Dans le très beau documentaire "Play Bravely", qui suit Devilwalk lors de la compétition, lui-même ne croit pas à la performance que vient de réaliser sa formation. "Je n'arrive pas à comprendre, on a remporté 50 000 $ ? Et encore, sans compter le titre. Avec le titre, ça devient encore plus énorme. C'est irréel", lâche-t-il dans la dernière scène pré-générique.
7 |
La même affiche avait eu lieu en finale de la DreamHack Summer 2013. Les joueurs fnatic évoluaient alors chez Epsilon, avec cENTRYZ à la place de pronax. Ils s'étaient fait détruire par NiP, n'inscrivant que 7 rounds en deux cartes et encaissant notamment un 2-16 sur Train. Cinq mois plus tard, à leur tour de coller un 16-2 sur Train au moment décisif, dans un tournoi bien plus coté, faisant passer leur total de 7 à 38 rounds inscrits en finale. Vengeance accomplie. |
Pour voir le match : Dust2 - Inferno - Train
EMS One Katowice 2014 : la plus implacable
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Virtus.pro devait gagner ce Major de Katowice 2014. Rien ne pouvait l'en empêcher. Chez eux, les Polonais ont encré un destin déjà écrit, preuve de leur adoption définitive de Global Offensive et sermon collectif entre le trio historique TaZ – NEO – pasha d'un côté et le duo de petits nouveaux Snax – byali de l'autre.
Les NiP n'ont pas démérité. Ils arrivaient en finale après avoir roulé sur dignitas au tour précédent et endossaient même les costards de favoris de ce dernier match. Mais une fois la rencontre débutée, il fut rapidement clair qu'il n'y aurait pas débat. Impressionnante sur Mirage tout au long de la compétition, Virtus.pro y poursuivait son exercice de destruction avec 11 rounds inscrits en attaque et un succès 16-9. S'en suivit un quasi copié-collé sur Inferno, avec cette fois-ci 11 rounds marqués en défense pour une victoire 16-10.
Jamais NiP ne sembla en mesure de s'extirper du piège polonais, préparé avec la complicité du public. Fifflaren sombra complètement avec seulement 9 petits frags cumulés sur les deux cartes. Un bon résumé de l'impuissance suédoise face à la machine parfaitement huilée qui était en face.
+30 |
Snax réalisa une finale splendide, terminée à 58 frags et +30 de différentiel, le meilleur jamais enregistré à ce stade d'un Major. En haut du scoreboard sur les deux cartes, il s'illustra également avec quelques actions restées dans les mémoires. Les prémices de celui qui s'imposera comme l'un des meilleurs joueurs du monde en 2014, 2015 et 2016, finissant à chaque fois dans les cinq premières positions du Top 20 HLTV. |
Pour voir le match : Mirage - Inferno
ESL One Cologne 2014 : la plus émouvante
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Qui a oublié cette image de GeT_RiGhT en larmes, assis aux côtés du trophée, remporté après une finale épique contre ses meilleurs ennemis de fnatic ? Ninjas in Pyjamas a gagné à l'ESL One Cologne 2014 son unique Major, dans la finale où l'équipe s'avancait sans doute le moins sereinement. Ce cinq qui avait tant dominé les débuts de CS:GO était en bout de course et traversait un été pourri, marqué par sa première sortie du Top 4 d'une lan en finissant 5/6ème aux Finales ESEA 16, puis par un revers sec face à dignitas en quart de finale de la Gfinity 3.
Cologne aurait pu, aurait dû sonner le glas de cette line-up. Au lieu d'être un adieu, ce fut finalement une parenthèse enchantée. NiP survécut à tout en play-offs pour s'offrir une dernière chance de triompher. fnatic paraissait trop forte depuis le recrutement de KRiMZ et d'olofmeister, mais devra patienter encore un peu pour enrichir son palmarès. Les NiP collent un 12-0 en défense sur Cbble pour virer en tête, laissent filer Cache, puis font marcher la magie sur Inferno pour rester en vie. Ici, un clutch de GeT_RiGhT, là, un ace de friberg, auxquels s'ajoutent un triplé de f0rest lors d'un round d'éco ou les sprays décisifs de Fifflaren à 12-13.
Ninjas in Pyjamas l'emporte à la surprise générale, dans le sang et les larmes. Personne ne peut contester le fait que cette formation méritait son Major. C'était là sa dernière chance : deux mois plus tard, Fifflaren quittera logiquement l'équipe à la suite d'un automne raté. Cologne n'était bien qu'un ultime sursaut.
18-3 |
Sur les 17 premiers rounds d'Inferno, f0rest cumulait 17 morts et seulement 3 frags. Sur les 12 derniers, il inversera tout : 18 frags et à peine 3 morts. fnatic ne marquera alors plus que deux rounds. Un joueur de money-time. |
Pour voir le match : Cobblestone - Cache - Inferno
DreamHack Winter 2014 : la plus indécise
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Team-LDLC aurait pu s'adjuger le titre après un 2-0. Les Français font rapidement pencher la balance de leur côté en s'emparant de Dust2 16-10, alors que la map avait été choisie par les Suédois. Ne reste plus qu'à conclure sur Inferno, l'un de leurs terrains de jeu favoris. Sauf que tout s'emmêle. L'attaque tricolore ne répond plus. "Les vieux démons qui ressortent, une pression un peu négative", se souvient SmithZz. NiP en profite pour trouver un second souffle et s'envoler, 16-4.
Sur leur lancée, les désormais quadruples finalistes de Major enchaînent sur Overpass avec un side défensif de haute volée, 11-4. Team-LDLC a-t-elle laissé passer sa chance ? Pas du tout ! La rencontre repart de plus belle et les Français remontent. À 14-13, ils pensent avoir fait le plus dur mais les NiP abattent leurs dernières cartes pour se procurer deux rounds de match. Team-LDLC les sauve et reste en vie. Pour la première fois, le sort d'une finale de Major va se décider en overtime.
Et pour la première fois, une équipe française va remporter le plus beau des tournois. 19-16 pour briser le rêve de doublé de ninjas qui auraient tant aimé l'emporter devant leur public à Jönköping. La pugnacité de Team-LDLC aura eu raison d'eux et aura fait pencher la balance, longtemps hésitante, du côté bleu-blanc-rouge.
42-39 |
Cette finale fut la première lors de laquelle l'équipe perdante inscrivit au total plus de rounds que l'équipe gagnante, 42 pour NiP contre 39 pour Team-LDLC. Cette singularité statistique s'est reproduite à deux reprises depuis : lors de l'ESL One Katowice 2015 (NiP 43 - 42 fnatic) et du PGL Major Krakow 2017 (Immortals 37 - 36 Gambit). |
Pour voir le match : Dust2 - Inferno - Overpass
ESL One Katowice 2015 : la plus irrespirable
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Pour leur troisième duel en finale de Major, en cinq éditions, fnatic et NiP ont encore une fois offert un spectacle en trois cartes. Et si le match de Cologne 2014 avait déjà été riche en émotions, celui de Katowice 2015 a également fait la part belle au suspens. Sur Dust2, fnatic maîtrise son sujet à 13-8 avant que les ninjas ne trouvent les clés en défense pour remonter. 13-13, 14-14, et finalement 16-14 pour JW & Co qui insistent, à raison, sur la corniche.
Cache sera disputée jusqu'à la mi-match, 8-7 pour fnatic, avant que la défense des NiP ne boucle rapidement l'affaire, 16-10. La tension va revenir sur Inferno. fnatic est au-dessus en CT et achève son side à 11-4. Le gain du pistol round suivant lui permet même de creuser davantage l'écart, 14-4. Fin de partie ? Début de la remontée, plutôt. "Maintenant ou jamais", lance GeT_RiGhT sur le TeamSpeak. Dans une Spodek Arena de plus en plus bouillante à mesure que les rounds défilent, les ninjas vont donner corps à ce qui paraît pourtant inaccessible. Ils résistent à tout, aux rushs, aux exécutions, aux bombes plantées. Ils inscrivent neuf rounds en n'en perdant qu'un seul en route.
À 15-13, alors que l'impossible n'est plus inatteignable, fnatic débloque la respiration de centaines de milliers de spectateurs en marquant, enfin, le dernier round qui lui manquait, pour s'offrir son deuxième Major. Mais pendant de longues minutes, tout le monde a cru à la remontée des NiP. À défaut d'avoir remporté le titre, ils ont au moins offert une finale d'anthologie.
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friberg, f0rest, Xizt et GeT_RiGhT atteignaient à cette occasion leur cinquième finale de Major consécutive. Personne n'a fait mieux depuis. Personne d'autre n'a même atteint cinq finales de Major tout court. |
Pour voir le match : Dust2 - Cache - Inferno
ESL One Cologne 2015 : la plus renversante
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La deuxième meilleure équipe de l'histoire de CS:GO, derrière les intouchables Astralis de 2018-2019, était réputée pour sa faculté à revenir de l'enfer. Un retard de sept, huit, dix rounds ? Pause tactique de pronax, tout le monde se remet dedans, et vas-y que j'te remonte tout ça. Réaliser pareille prouesse en finale de Major, ce n'est toutefois pas la même affaire. Et pourtant, fnatic l'a fait.
fnatic l'a fait, pour le premier doublé jamais accompli en Major, six mois après l'avoir emporté à Katowice. fnatic l'a fait, contre une équipe d'EnVyUs qui montait en puissance suite aux arrivées d'apEX et kennyS. fnatic l'a fait, sur Dust2, traumatisant toute une communauté tricolore qui était convaincu que ses représentants ne pouvaient pas perdre sur une carte surnommée de_France.
Menés 7-14 puis 10-15, les Suédois vont enchaîner neuf rounds pour estomaquer toute une arène et déborder des EnVy qui affichaient un visage superbe jusque-là. Cette Dust2 est restée mythique, depuis le knife de NBK sur flusha dès le premier round jusqu'aux quatre AWP fnatic qui attendent le décal' middle d'apEX en prolongations, en passant évidemment par le 1vs3 de KRiMZ qui fait sans doute basculer le match à 7-14.
Si les deux équipes avaient maintenu le même rythme par la suite, cette finale aurait été ahurissante. Mais elle fut terminée après Dust2. Les Français étaient au fond du trou mentalement. Cobblestone fut presque une promenade de santé pour fnatic, 16-7. Pour EnVyUs, ce ne fut que partie remise.
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La VOD de Dust2, première carte, culmine à 11 millions de vues sur YouTube. Il s'agit probablement du match de Counter-Strike le plus visionné de l'histoire, et de loin, les autres finales de Major dépassant rarement le million. |
Pour voir le match : Dust2 - Cobblestone
DreamHack Cluj-Napoca 2015 : la plus logique
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Trois fois, EnVyUs et Na'Vi s'était déjà affrontées en Major en 2015 : en quart de finale à Katowice, en quart de finale à Cologne, en phase de poules à Cluj-Napoca. Trois fois, EnVyUs l'avait emporté. Ce n'était pas pour se rater à la quatrième, la plus importante, la finale de Major. Certes, Na'Vi avait réalisé un tournoi splendide jusqu'ici, se sortant du piège Luminosity en quart de finale avant de broyer NiP en demi-finale grâce à un GuardiaN d'anthologie. Mais contre EnVyUs, à cette époque, Na'Vi ne gagnait pas.
L'équipe française est la seule favorite à avoir tenu son rang, dans une compétition où tous les autres principaux prétendants au titre se sont fait sortir au premier tour de l'arbre (fnatic par EnVy, TSM par NiP, Virtus.pro par G2). Elle a sauvé trois rounds de match en demi-finale contre une line-up de G2 au sommet de sa forme, après avoir exorcisé ses vieux démons en battant fnatic en quart. La finale face à Na'Vi était finalement, sur le papier, la rencontre la plus abordable.
Alors oui, Train, première carte, sera très disputée. Les joueurs de l'est auraient même dû définitivement prendre l'ascendant lorsqu'ils menaient 11-9 en CT. Mais ça n'aurait pas respecté la logique. EnVyUs inverse les rôles de Cologne en crucifiant son adversaire sur une première map qui aurait dû être perdue. 16-14, et la finale se termine tant Cobblestone sera à nouveau une formalité, cette fois-ci pour les Français, 16-5. Deuxième Major pour la France et pour NBK, Happy et kioShiMa ; premier pour kennyS et apEX.
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Au cumulé de tous ses joueurs, EnVyUs termine Train avec 89 kills au compteur. Na'Vi en affiche 22 de plus, 111. Une large différence, qui montre bien de quel côté aurait dû tomber, en théorie, cette première map. Mais Counter-Strike est loin de se résumer à une histoire de statistiques... |
Pour voir le match : Train - Cobblestone
MLG Colombus 2016 : la plus frustrante
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Pour la troisième fois consécutive, une finale de Major fut scellée en une carte. Après fnatic - EnVyUs à Cologne 2015 et EnVyUs - Na'Vi à Cluj-Napoca 2015, ce fut à nouveau Na'Vi qui craqua complètement lorsque la première map de la finale fila entre ses doigts. Et cette fois, ce fut réellement frustrant.
Parce que Luminosity - Na'Vi, c'était la rivalité du début d'année 2016. Luminosity s'était imposée 2-0 lors des phases de poules des Finales SL i-League XIV, Na'Vi lui avait rendu la pareille en finale des IEM San José grâce à un double 19-16. Et puis il y avait eu la demi-finale de Katowice et cette Overpass fantastique, l'une des plus belles cartes jamais jouées sur CS:GO à niveau professionnel, avec des clutchs, des aces, des actions de folie en pagaille.
Et là, voilà que les deux se retrouvent en finale d'un Major ! Le spectacle peut être grandiose. Et le temps d'une map, il le sera. Mirage tient ses promesses avec des Européens solides en CT, 11-4, et des Brésiliens tout aussi déterminés, qui remontent à 15-15. En overtime, l'attaque fera la différence : Na'Vi inscrit deux rounds en terro, Luminosity trois. 19-17. Fin du premier acte, pense-t-on.
Fin de la pièce, en réalité. Comme à Cluj, Na'Vi est passée à un rien de mener 1-0 et s'écroule après cette occasion ratée. Overpass est bâclée, 16-2 pour Luminosity, alors qu'elle avait pourtant été choisie par Na'Vi. FalleN et sa troupe remportent leur premier Major, mais la finale aurait pu être tellement plus belle.
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Quelques jours après la finale, GuardiaN avouera qu'il avait disputé la rencontré avec une sensibilité quatre fois plus élevée que d'habitude en raison de douleurs au poignet qui l'empêchaient de jouer normalement. De quoi rajouter encore un peu plus de frustration à ce qui aurait pu être une finale de légende. |
Pour voir le match : Mirage - Overpass
ESL One Cologne 2016 : la plus oubliable
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Le plus compliqué pour un outsider, c'est qu'un exploit ne suffit souvent pas à remporter un Major. Il faut en cumuler un, deux, trois de suite pour arriver au sommet. À Cologne 2016, Team Liquid avait fait les deux tiers du chemin : fnatic avait été vaincue en quart, Na'Vi en demie. Pour son dernier tournoi avec la pépite s1mple, magistrale à cette occasion, l'équipe américaine faisait lever les foules et déchaînait les passions. Pouvait-elle aller au bout ?
Le dernier obstacle s'appelait SK, soit les anciens Brésiliens de Luminosity, qui avaient trouvé une nouvelle maison depuis la MLG Colombus plus tôt dans l'année. C'était vraiment un gros obstacle, symbolisé par le monstre coldzera, futur meilleur joueur de l'année. Et Liquid allait rapidement s'en rendre compte.
La finale allait tourner court. SK asphyxia Liquid. s1mple fut muet tout au long des deux cartes. 16-7 / 16-6, emballé c'est pesé, il n'y eut match à aucun moment. On espérait une nouvelle surprise mais SK ne l'entendait clairement pas de cette oreille. Le grand show du dimanche n'eut pas lieu. Les supporters du bus VaKarM, déjà déçus de l'absence des équipes hexagonales en play-offs, n'en furent que plus dépités. Et ils ne savaient même pas encore qu'ils assisteraient, quelques heures plus tard au même endroit, à la défaite de la France en finale de l'Euro de football face au Portugal. Décidément, la cathédrale officieuse de Cologne fut bien triste en ce 10 juillet 2016.
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21 frags seulement pour s1mple sur l'ensemble du match. Il termine dernier du scoreboard chez Liquid, avec un différentiel de -14 et un ADR d'à peine 50. Contre fnatic et Na'Vi, il avait à chaque fois fini en tête. |
Pour voir le match : Train - Cobblestone
ELEAGUE Major 2017 : la plus disputée
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Il ne serait pas insensé de dire que ce fut la plus belle, bien que sur ce point, chacun ait sans doute un avis très personnel. Il ne fait par contre guère de doute que ce fut la plus disputée. En nombre de rounds joués, ce n'est pas la plus longue, mais qu'importe : 88 rounds joués sur 90 possibles sans overtime, 9-6 maximum au changement de side, deux fois 16-14. Virtus.pro et Astralis ne se sont jamais lâchées.
Les Polonais avaient l'avantage de l'expérience, eux qui se hissaient à ce stade pour la deuxième fois, trois ans après Katowice 2014. Et ils le mirent à profit sur Nuke, première map gagnée 16-12. Les Danois pouvaient compter sur des individualités exceptionnelles, avec un Kjaerbye en feu, un Xyp9x décisif, un gla1ve maître du jeu. Et ils le démontrèrent sur Overpass, 16-14.
Train appartient à l'histoire. Lorsqu'une équipe y mène 13-7 et joue en défense, elle est censée conclure. Virtus.pro doit encore se demander comment elle a fait pour ne pas y parvenir. Une fois ce score atteint, un rush Tec9 d'Astralis et le 1vs1 le plus crucial de la carrière de Xyp9x relancent le match. Les deux opposants se rejoignent à 14 partout, moment choisi par gla1ve pour sortir le call le plus testostéroné de sa carrière : rush A instantané, à 14-14, sur la troisième carte d'une finale de Major.
Et ça passe, malgré la fesse de dupreeh qui empêche Snax de mourir dès les premières secondes du round. Du coup, rebelote au round suivant. Rush A. Résultat similaire, 16-14, Astralis remporte son premier Major après une rencontre dantesque. Les anciens "chokers", incapables de performer dans le dernier carré, ont pris la plus éclatante des revanches.
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Pour la première fois de l'histoire, un stream CS:GO va dépasser le million de viewers. Les derniers rounds de Train et le succès d'Astralis vont briser cette barrière symbolique sur la chaîne de l'ELEAGUE. |
Pour voir le match : Nuke - Overpass - Train
PGL Major Krakow 2017 : la plus inattendue
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Qu'une équipe que personne n'attendait à un tel niveau arrive jusqu'en finale, ce n'est finalement pas si rare. Mais que deux accomplissent cette prouesse lors du même Major, ce n'est arrivé qu'une seule fois. Dans un drôle de tournoi où un bon nombre de gros noms se font éjecter dès la ronde suisse (FaZe, G2, Na'Vi), Gambit se sort d'une partie de tableau relevée en éliminant fnatic puis Astralis, alors qu'Immortals gagne la bataille des outsiders en prenant le dessus sur BIG puis Virtus.pro.
Cette finale des plus inédites semblait être placée sous l'adage du malheur au vaincu, tant aucune de ces deux formations ne paraissait être en mesure de rééditer une telle performance (et l'avenir le confirmera). Cette pression rendit le match quelconque lors des deux premières maps, chacune remportée assez aisément par l'équipe qui l'avait choisie : 16-4 pour Immortals sur Cobblestone, 16-11 pour Gambit sur Train.
Heureusement, Inferno était ensuite au programme. Une carte qui tient toujours ses promesses lorsqu'elle surgit pour le dénouement d'un Major. Celle-si sera marquée par la grenade 200 IQ de Dosia qui lui vaudra une dédicace de Valve, et le clutch 1vs3 de Hobbit à 11-8 qui cassa la dynamique d'Immortals, partie pour remonter son retard. Au final, Gambit l'emportera 16-10, offrant à Zeus une histoire digne des plus grands films à l'eau de rose. Rien que pour ça, cette finale valait le coup.
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9 joueurs disputaient ici leur première finale de Major, seul Zeus ayant déjà atteint ce stade de la compétition auparavant (deux fois avec Na'Vi). Il s'agit du total le plus élevé sur l'ensemble des finales, à l'exception évidemment de la première, confirmant le caractère un peu improbable de ce match pour le titre. |
Pour voir le match : Cobblestone - Train - Inferno
ELEAGUE Major 2018 : la plus électrique
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Pour les fans de Cloud9, c'est évidemment la plus magnifique, la meilleure, le match le plus incroyable jamais observé sur CS:GO. Pour les supporters de FaZe, c'est un traumatisme, un déclencheur automatique de PTSD, une rencontre à enfouir très profondément voire à oublier. La réalité est sans doute entre les deux. Oui, cette finale, par sa dramaturgie, fut exceptionnelle. Et oui, cent fois, mille fois, FaZe aurait dû gagner.
Mais voilà, c'était à Boston, dans une salle remplie à ras bord d'Américains beuglant à chaque frag de leurs protégés. C'était la dernière cartouche d'une équipe Cloud9 passée au bord de l'élimination lors de la seconde ronde suisse, qui avait survécu au pire et que plus rien ne pouvait stopper. En face, FaZe avait beau être ultra-favorite face à une formation contre laquelle elle n'avait pas perdu une carte lors des six derniers mois (8-0), la pression et l'envie de gagner, beaucoup trop fortes, l'ont dévoré.
Le mastodonte européen avait pourtant idéalement commencé en chipant Mirage à son adversaire, 16-14. Seulement, la suite défiera toute logique. Invaincue sur Overpass jusque-là face à Cloud9 – quatre victoires en autant de matchs –, FaZe se rate au pire moment en bafouillant son side d'attaque. 3-12 puis 10-16. Inferno est demandée pour l'épilogue. Vous connaissez la chanson.
Les 30 premiers rounds sont déjà fous. Cloud9 mène 5-1, FaZe repasse devant 8-7 puis agrippe une anse de la coupe en s'échappant à 14-9. À 15-11, la messe semble dite, mais le curé Stewie2K veut faire durer le plaisir et envoie tout le monde en overtime sur une ultime défense de bombsite. Tout devient encore plus dingue. Chaque round se transforme en un microcosme de cris, de tension, de joueurs qui finissent debout devant un public qui ne se rassoit plus depuis déjà un bout de temps.
FaZe sauve trois rounds de Major à 15-18, dont un après un 1vs1 remporté par un karrigan à 38hp. tarik rentre un ace à 19-18. Au 41ème round de la plus longue map des finales de Major, une ultime reprise B des Cloud9 finit par mettre fin à l'angoisse. Chez elle, Cloud9 est championne. La communauté est déchaînée. 6100 commentaires sur le thread reddit. 2800 commentaires sur la fiche de match de HLTV et une improbable prédiction parfaite. Quelle finale. Quelle soirée.
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Comme un symbole, GuardiaN sera le dernier FaZe à mourir lors du round final. Il devient alors le seul joueur à avoir perdu trois finales de Major sans en avoir gagné aucune. Les autres ayant atteint (Zeus) ou dépassé (friberg, GeT_RiGhT, f0rest, friberg sont à quatre) ce triste total comptent aussi une victoire à leur palmarès. Pas GuardiaN. |
Pour voir le match : Mirage - Overpass - Inferno
FACEIT London Major 2018 : la plus décevante
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Ça aurait pu être grandiose. Ce fut réellement décevant. Certes, depuis le printemps 2018, Astralis dominait la scène et s'avançait sereinement vers son second succès en Major à Londres. Mais Na'Vi avait montré que les Danois n'étaient pas invincibles en les battant en demi-finale de l'ESL One Cologne lors d'un duel superbe. Lors de la seconde ronde suisse de ce Major, leurs retrouvailles avaient déjà accouché d'un 16-14 accroché pour Astralis.
Alors quand la bande d'Edward arrive en finale après avoir laissé huit petits rounds à BIG en quart et à peine quinze à MiBR en demie, on se dit qu'il y a quelque chose à faire. Astralis reste favorite mais il peut y avoir match. Beau match même. Dans les faits, ce ne sera pas le cas. Impériale, la meilleure équipe du monde va enfoncer Na'Vi dès la première carte, 16-6 sur Nuke. Bah, c'était sa map, les Ukrainiens vont réagir sur Overpass.
Il n'en sera rien. Le cinq danois est plus solide en attaque, en défense, partout, tout le temps. Il laisse entrevoir son fabuleux potentiel qui fera dire à tout le monde, six mois plus tard, qu'il est le meilleur ayant jamais évolué sur Counter-Strike. Astralis conclut 16-9, muselant le prodige s1mple à 24 frags en deux cartes et laissant le jeune electronic consoler le vétéran Zeus, leader incapable de trouver la moindre faille dans le système adverse. Cet après-midi ne restera pas dans les mémoires. Na'Vi fut l'une des premières victimes d'Astralis à être brutalement éjectée d'un Major. Bien d'autres suivront.
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Avec trois défaites en finale et aucun titre à son actif, Na'Vi est la plus maudite des organisations en Major. NiP en a perdu quatre, mais en a aussi gagné une. Na'Vi devra attendre encore un peu pour tenter d'en faire de même. |
Pour voir le match : Nuke - Overpass
IEM Katowice 2019 : la plus inéluctable
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Sans aucune difficulté, Astralis vient défendre son statut de tenante du titre en finale à Katowice. Qui pour mettre fin à sa domination ? Team Liquid, pour un remake des multiples affrontements de 2018 ? Na'Vi, pour une revanche du FACEIT Major ? Ni l'une ni l'autre, puisqu'une seule et même équipe les a sortis consécutivement, en quart de finale puis en demi-finale : ENCE. Les Finlandais sont la coqueluche de ce Major et réussissent une performance dantesque, alors qu'ils étaient à une défaite de l'élimination lors de la seconde ronde suisse.
Alors, jamais deux sans trois, Astralis passe aussi à la trappe ? En réalité, le boss final se fiche un peu des proverbes. Il va prouver à allu et ses copains qu'ils ont encore du travail s'ils veulent les battre. ENCE va tenter sa chance sur Train et malgré un embryon de comeback, doit rapidement baisser pavillon à 11-16 après un 1vs2 de l'inévitable Xyp9x qui parachève l'oeuvre des siens.
Mal parti, le navire finlandais va couler sur Inferno. Il encaisse 14 rounds sur son side défensif, incapable de tenir la banane, de réussir une reprise de BP ou un clutch. C'était attendu, Astralis était trop forte. Personne n'en voudra à ENCE. La dernière marche était bien trop haute.
14-1 |
Jamais un side d'une carte de finale de Major ne s'était terminé avec un écart aussi conséquent. Il y a eu des 13-2, des 12-3, mais des 14-1, c'était, et c'est toujours, un cas unique. Il n'y avait qu'Astralis pour le faire. |
Pour voir le match : Train - Inferno
StarLadder Berlin Major 2019 : la plus expéditive
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Sans manquer de respect à AVANGAR, il est certain que la dernière finale en date n'est pas la plus mémorable. Statistiquement parlant, elle est même la plus courte : 43 rounds joués, dont 11 seulement inscrits par l'adversaire d'Astralis, et moins de deux heures passées sur le serveur. En guise d'aboutissement du plus gros événement de la saison, on a déjà vu mieux. Il n'y a pas grand-chose à retenir de cette rencontre, si ce n'est qu'elle fut une nouvelle fois une démonstration individuelle et collective. AVANGAR sauva les meubles lors des rares rounds où la tornade nordique baissa la garde.
Mais, comme pour ENCE, comment reprocher quoi que ce soit à cet outsider sorti de nulle part ? Atteindre la finale était déjà une immense prouesse pour cette formation à majorité kazakhe, qui avait battu Liquid et G2 lors de la ronde suisse, piétiné les espoirs de Vitality en quart et sorti l'autre surprise Renagades en demi-finale. Mais Astralis, c'est autre chose, un niveau supérieur. On ne surprend pas les Danois de 2018-2019 en Major.
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4 Majors dans l'armoire à trophées d'Astralis, et pour device, dupreeh, gla1ve et Xyp9x (3 pour Magisk, qui n'était pas encore là à l'ELEAGUE Major 2017). Personne d'autre n'en compte autant. Dont 3 remportés d'affilée. Une autre performance inégalée. |
Pour voir le match : Inferno - Dust2
Merci à Elnum pour la bannière.