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Ils ont déjà été au sommet

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Page 2: n0thing, le talent brut de l'Amérique

Jordan "n0thing" Gilbert

L'inventeur de la flashbang dance n'est pas seulement l'une des personnalités les plus déjantées de la scène Counter-Strike. Aujourd'hui symbole de la baisse du niveau de jeu américain, montré du doigt pour ses performances bien trop irrégulières, le nom de n0thing apparaît pourtant dans la liste des joueurs les plus talentueux de l'histoire de CS.

Pas les plus forts, les plus talentueux. Ces joueurs qui semblent avoir une sorte de "don" naturel pour jouer à Counter-Strike, qui peuvent réussir tout ce qu'ils entreprennent pour peu qu'ils se concentrent un minimum et qui aujourd'hui prendraient vie sous les noms de s1mple ou NiKo.

Comparer le jeune prodige ukrainien à n0thing semble totalement loufoque aujourd'hui mais l'Américain a été, à partir de 2009 et jusqu'à la toute fin de CS 1.6 – lui qui aura accompagné l'aîné de la série jusqu'à son dernier souffle en disputant encore des tournois dessus en 2013 – un incroyable joueur de Counter-Strike et l'un des représentants les plus marquants du NA CS.

Fidèle à la même écurie pendant près de quatre ans, Evil Geniuses, c'est avec elle qu'il établira en grande partie son palmarès sur le premier opus du FPS de Valve, gagnant notamment 9 saisons d'ESEA (!) entre 2009 et 2013, un record. Évoluant aux côtés d'autres immenses noms de la scène de l'époque tels que fRoD, Storm ou lurppis, n0thing va monter en puissance peu à peu et s'affirmer comme le meilleur joueur américain, se classant onzième du Top 20 d'HLTV en 2010, soit la deuxième meilleure place jamais occupée par un joueur d'Amérique du Nord dans ce classement encore aujourd'hui (il faudra attendre 2013 et la 9ème place d'Hiko pour voir mieux).

Alors évidemment dominer chez soi, c'est bien, dominer chez les autres, c'est mieux. L'incroyable densité du top mondial ne sera pas évidente à dompter, mais n0thing & Co arriveront pourtant à grignoter leur part du gâteau avec une quatrième place à la DH Summer 2009, un top 3 à l'Arbalet Cup Dallas en 2010 avant l'apothéose et la victoire aux finales BeatIt! 2010, obtenue après avoir vaincu les fnatic de GeT_RiGhT et f0rest lors du dernier match.

Le passage sur Global Offensive coïncidera avec le transfert chez compLexity, structure à laquelle n0thing est restée fidèle jusqu'à son rachat par Cloud9 à l'été 2014. Et depuis, il est toujours en place dans l'écurie bleu ciel, preuve de son attachement et de sa capacité à ne pas laisser tomber malgré les difficultés. Qui sont bien nombreuses sur ce nouvel épisode de la série.

Rapidement identifiée comme l'équipe NA numéro 1, compLexity se retrouve dans la cour des grands, à rivaliser avec NiP ou VeryGames. L'aura de n0thing est toujours aussi forte, et sa réputation encore bien présente, lui qui est alors considéré comme l'un des meilleurs joueurs outre-Atlantique malgré des performances qui commencent à devenir moins tranchantes qu'auparavant.

Demi-finale à la DH Winter 2013, quart de finale à Katowice 2014 puis à Cologne de la même année – pour ce qui restera sans doute l'un des plus gros regrets de cette formation, sortie par NiP 16-8 14-16 14-16 lors d'un match mythique – n0thing tient la baraque malgré tout. Mais la fin d'année sera douloureuse : élimination dès les groupes à l'ESWC puis à la DH Winter. Hiko s'en est allé, n0thing est désormais le phare de l'équipe. Un phare qui ne fonctionne que sur courant alternatif. Tantôt éteint, tantôt capable d'illuminer la scène entière : le fabuleux été 2015 de C9 coïncidera avec sa hausse de niveau, ce qui lui vaudra notamment une vidéo dédiée sur HLTV pour son incroyable ESWC. Et malgré tout ça, là encore la défaite est au bout, 14-16 sur la dernière carte de la finale face à Na'Vi.

Mais l'été terminé, sur les cartes abandonnées, souris et claviers débranchés, C9 sombre à nouveau. Cette fois-ci c'est sgares qui claque la porte en novembre, arguant un manque d'implication de ses coéquipiers. L'une des critiques qu'aura le plus entendu n0thing dans sa carrière : un talent fou, mais incapable de travailler assez pour être pleinement exploité.

Bon gré mal gré, il tente de palier le départ de son leader en s'accaparant ce nouveau rôle. Mais ce n'est pas lui : n0thing est un électron libre, un joueur fou-fou qui, il le reconnaîtra lui-même par la suite, ne peut pas diriger son équipe et jouer en même temps. L'élimination brutale en poules lors de la MLG Colombus, chez lui, sur ses terres, en sera la preuve numéro 1.

Aujourd'hui, n0thing a franchi une nouvelle étape dans sa décadence en ratant l'ESL One Cologne. Absent d'un Major pour la première fois en trois ans. Ce sera peut-être la goutte de trop pour un joueur qui n'en finit plus de descendre après avoir tutoyé les sommets. Ou bien ce sera peut-être le déclic pour que celui qui a fait briller l'Amérique sur 1.6 la fasse revenir tout en haut sur GO.

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