Il ne le sait pas encore mais cet été 2012 va devenir le point de départ d'une des plus belles si ce n'est la plus belle aventure de l'histoire de Counter-Strike. Ninjas in Pjamas investit directement beaucoup sur CS:Global Offensive, les cinq joueurs reçoivent des contrats professionnels, pour la plupart à temps plein et Fifflaren peut comme il y a quatre ans en CGS, se concentrer uniquement sur le jeu. De plus, les mécaniques de ce nouvel opus ressemblant à si méprendre à celles de Source, ses coéquipiers lui demandent de prendre la direction de l'équipe.

Après avoir été à la tête de toutes les meilleures formations suédoises de CS:Source, il obtient désormais le rôle de diriger trois joueurs 1.6 dont deux légendes. Une tâche pas facile mais qui va débuter de la meilleure des manières. 

87 - 0

Les cinq Ninjas in Pyjamas se sont intéressés à ce nouveau jeu dès les premières phases de la beta et comme toujours dans ces cas là, ceux qui jouent le plus, sont les meilleurs. Ces Suédois vont profiter de cet avantage éphémère pour prendre de l'avance sur leurs concurrents européens. Leur première victoire restera lors d'une lan locale organisée par SteelSeries et dotée de 3 500 €. Le début d'une série de victoires en lan absolument incroyable.

C'est en septembre 2012 avec la DreamHack Valencia que les NiP se confrontent pour la première fois avec des équipes étrangères dont VeryGames (Ex6TenZ, SmithZz, RpK, kennyS NBK), le mastodonte venu de Source et qui fait d'ores et déjà office de rivale, rien que sur le papier. Cette rivalité entre les deux équipes va se matérialiser dans une grande finale globalement dominée par Ninjas in Pyjamas qui remporte ici son premier titre européen. Tout semble bien se passer du côté de l'équipe et pourtant, un premier changement interne se fait ressentir et c'est l'ancien Fnatic 1.6, Xizt qui reprend les rênes de cette composition laissant Fifflaren avec le statut de "joueur support". 

Le prochain rendez-vous est pris à l'ESWC 2012, premier événement d'envergure sur CS:GO avec 20 000 $ de cashprize et la présence des développeurs du jeu sur place. Là encore, NiP survole sa poule ne concédant que treize rounds aux Brésiliens (rkz, zakk, cogu, zqk, Steel) avant d'écarter le Golden 5 (kuben, Loord, Neo, TaZ, pasha) en demi-finale et infliger une correction aux VeryGames dans une grande finale à huit clos qui ne restera clairement pas dans les mémoires. Ninjas in Pyjamas est champion du monde, toujours invaincu en lan et possède seulement trois mois après la sortie du jeu, un avantage psychologique certain sur tous ses concurrents. 

Fifflaren et ses camarades sont ensuite attendus à la DreamHack Winter, la compétition suédoise par excellence. La bande passe près de perdre une première carte face aux Mousesports (RattlesnK, Mx, prb, stingeR, pT) une première fois en poule, puis une nouvelle fois en demi-finale où les Britanniques s'inclinent sur le plus petit des scores. Peu importe pour le rouleau compresseur qui ne concèdera que dix rounds aux VeryGames dans une grande finale à sens unique. 

Les Ninjas sont engagés ou qualifiés dans trois derniers événements pour 2012. Trois compétitions qu'ils vont surpasser avec une insolente facilité. A commencer par l'eSportsHeaven Prague où ils ne feront qu'une bouchée des représentants français, en quarts, en demies et en grande finale. Le championnat scandinave ou "Thor Open" n'est qu'une formalité avec seulement un peu plus de difficultés face aux Finlandais de Curse (natu, naSu, ScarK, allu, reflex) en grande finale. Et enfin, la NorthCon, lan de référence en Allemagne qui sera également témoin du gouffre entre Ninjas in Pyjamas et les autres. Les Suédois remportent leur sixième titre d'affilée en n'encaissant pas plus de neuf rounds par carte. 

Leur première grande frayeur survient à la Copenhagen Games 2013. Récents faciles vainqueurs de la Techlabs Cup Moscou et de la Mad Catz Vienne, les NiP vont buter sur des Virtus.Pro (kucheR, AdreN, Fox, Dosia, ANGE1) alors très en forme. Néanmoins, les Suédois réussissent à remonter et l'emporter 16-13, 16-11. Neuvième trophée d'affilée.

C'est finalement une semaine plus tard à l'occasion des finales de la cinquième saison de la StarSeries que les Virtus.Pro qui les avaient déjà inquiétés auparavant, réalisent l'impensable. Les Russo-Ukrainiens deviennent les premiers joueurs à gagner un match en lan contre Ninjas in Pyjamas. Plus que cela, ils confirmeront leur performance en grande finale en allant accrocher le titre laissant les Suédois sur une place inhabituelle... La deuxième. 

Virtus.Pro met fin à une série record dans l'histoire de Counter-Strike : 87 cartes remportées en lan d'affilée. Ce nombre est depuis repris à chaque fois qu'une personne tente de décrire à quel point Ninjas in Pyjamas était à ce moment-là dans une autre dimension. 

Toujours numéros un à moins que...

L'équipe aurait pu avoir du mal à se remettre de cette première défaite mais c'est l'effet inverse qui va se produire et Ninjas in Pyjamas va le prouver seulement quelques jours plus tard de l'autre côté de l'Atlantique, à Dallas. Là encore, les coéquipiers de Fifflaren qui devient de plus en plus décrié au sein de cette formation pour ses statistiques individuelles inférieures à la moyenne, font parler la poudre. On remarquera cette finale du winner bracket face aux rivaux de chez VeryGames, certainement l'un des plus beaux matchs de l'ère CS:GO terminé sur le score de 16-14, 16-14 en faveur, bien sûr, de NiP. 

Le temps d'assurer sa suprématie en Suède en remportant successivement la Svecup, le championnat suédois et la DreamHack Summer avec cette fameuse ninja-defuse héroïque de Xizt sauvant l'équipe d'une élimination prématurée dès les poules, Ninjas in Pyjamas va retrouver sa bête noire : Virtus.Pro lors des demi-finales de l'EMS RaidCall One Summer. Là encore, les Russo-Ukrainiens, rares joueurs à avoir trouvé la clé du coffre-fort jaune et bleu, vont empêcher les NiP d'accéder à leur 17ème grande finale d'affilée. 

Ces derniers se consoleront en remportant au bout de longs combats, notamment en grande finale, les trois compétitions d'envergure suivantes : La StarSeries VI, l'ESEA XV Invite et la DreamHack Bucarest. 

Pourtant, c'est un changement dans l'écurie rivale de chez VeryGames avec l'arrivée de shox à la place de kennyS qui va semer le doute au sein de NiP. Les Franco-Belges n'ont jusque-là jamais battu leurs homologues suédois. Ils y parviendront une première fois en ligne lors des qualifications pour le MSI Beat It puis une seconde, en lan lors des finales de la septième saison de la StarSeries. 

Lorsque VeryGames remporte pour la deuxième fois les EMS RaidCall One en battant Ninjas in Pyjamas en grande finale au terme d'un match somptueux, les premières critiques majeures atteignent les hommes de Fifflaren et lui en particulier. Pour la première fois en plus d'un an, le statut de numéro un mondial de Ninjas in Pjamas est contesté. La nouvelle défaite contre VeryGames et leur quatrième place à l'ESWC 2013 n'arrangent rien à la situation.

A un mois de la DreamHack Winter, premier tournoi de Counter-Strike supporté par Valve, Ninjas in Pyjamas semble au plein creux de la vague. Le tournage d'une série TV les suivant dans leur toute nouvelle gaminghouse donne encore plus de poids aux nombreuses critiques qui voient dans cette DreamHack Winter, le tournoi de la dernière chance pour Fifflaren. 

Ce sont des Ninjas in Pyjamas retrouvés que l'on voit débarquer dans les immenses salles pleines de PCs de Jönköping. Premiers de poule grâce à des victoires sur Recursive et Universal Soldiers, ils laisseront la première carte aux surprenants LGB eSports (dennis, SKYTTEN, olofm, eksem, KRiMZ) avant d'enchaîner et rejoindre VeryGames dans une demie aux allures de grande finale. Un match de folie où chaque parti aura eu sa chance mais sur Nuke, troisième carte, les Ninjas in Pyjamas vont faire renaître les démons que l'on pensait oubliés du côté francophone et prendre, enfin, leur revanche sur l'escouade française au meilleur des moments. 

Qualifiés en grande finale face aux Fnatic (pronax, devilwalk, flusha, JW, schneider), le scénario du match sera sensiblement similaire à la demi-finale à l'exception près que ce sont leurs adversaires qui prendront l'avantage sur la dernière carte, Train. Une défaite surprise pour les chouchous du public qui après leur victoire sur VeryGames semblaient intouchables. Néanmoins, la performance est là et les 50 000 $ dans le compte en banque, aussi. 

Peu de compétitions ont eu lieu entre les deux tournois majeurs. NiP a logiquement remporté les finales de la Svecup face aux LGB eSports puis ont terminé seconds de la DreamHack TV6 Invitational derrière Titan. Les finalistes de la DH Winter se présente à Katowice pour le second tournoi majeur avec le statut de favoris à l'égal de Titan alors annoncé comme l'équipe à battre ce week-end de mars. 

Et si Titan échoue dès les poules, Ninjas in Pyjamas passe en quarts de finale sans problème. Là encore comme quelques semaines auparavant à Jönköping, NiP laisse Dust2, ici aux compLexity (sgares, n0thing, swag, semphis, Hiko) avant de dérouler sur les deux dernières cartes. Une victoire trop facile sur Dignitas (FeTiSh, cajun, xyp9x, dev1ce, dupreeh) en demi-finale et voilà les coéquipiers de Fifflaren projetés dans leur seconde grande finale d'un tournoi majeur. Seul bémol, impossible d'aller contre la prophétie. Une prophétie qui voulait que les Polonais de Virtus.Pro (Snax, byali, Neo, TaZ, pasha) s'imposent devant leurs 12 500 supporteurs. Et à Katowice, Virtus.Pro était au-dessus de tout le monde, y compris Ninjas in Pyjamas. 

Deux majeurs, deux médailles d'argent. Les Ninjas in Pyjamas se vengeront à la Copenhagen Games 2014 en remportant le tournoi face à ces mêmes Polonais en grande finale. Un nouveau titre dans un tournoi européen sept mois après leur dernier trophée accroché à la DreamHack Bucarest. L'équipe fera une nouvelle fois superbe impression à la DreamHack Summer 2014, conservant son titre avec des victoires sur Titan, HellRaisers (markeloff, AdreN, kucheR, Dosia, ANGE1) et Natus Vincere (starix, Edward, GuardiaN, Zeus, Seized). Juin 2014, Ninjas in Pyjamas n'est plus imbattable mais Ninjas in Pyjamas est la meilleure équipe du monde.

La chute

Cette fin du mois de juin et notamment les finales ESEA XVI Invite marquent le début d'une chute pour Ninjas in Pyjamas. Battus par compLexity et Virtus.Pro, Ninjas in Pyjamas sort pour la première fois de son histoire du top 4 d'une lan. Une maigre performance répétée un mois plus tard à la Gfinity 3 où Ninjas in Pyjamas a profité de règles assez étranges pour passer dans l'arbre avant de s'incliner lourdement face aux Dignitas.

Et pourtant, plus que jamais dans le creux de la vague, Ninjas in Pyjamas va connaître un miracle durant l'ESL One Cologne, troisième événement majeur. A croire qu'il existe une puissance divine sur ce jeu. Arrivés en quarts de finale avec une victoire sur HellRaisers, Fifflaren et ses acolytes vont traverser tout type d'émotions. Menés, bouleversés à chaque tour de l'arbre, ils vont s'imposer sur le fil à chaque rencontre. Troisième carte 16-14 contre Cloud9 (Shroud, n0thing, Semphis, Hiko, Sgares) en quarts, troisième carte 16-14 contre LDLC (apEX, Happy, Maniac, KQLY, Uzzziii) en demie, troisième carte 16-13 contre Fnatic (KRiMZ, olofm, pronax, flusha, JW) en grande finale. Au moment où nous les attendions le moins, les NiP remportent le plus beau succès de leur carrière. 

Mais plus les choses avancent et plus cet exploit raisonne comme un "one-shot" bien qu'il soit difficile d'employer ce terme pour une telle équipe. 

Un mois plus tard lors de la DreamHack Stockholm, les NiP ne passent pas les poules pour la première fois de leur histoire battus par Titan et LDLC. Sur internet, ils ne parviennent à se qualifier à aucune compétition. Alors qu'ils annonçaient beaucoup de changements pour l'ESWC 2014, le public a eu du mal à les repérer hormis effectivement le changement de maillots et le retour éphémère de Fifflaren au lead. Même constat décevant, Ninjas in Pyjamas ne passe pas les poules avec une lourde défaite contre Titan et une humiliation infligée par les petits poucets de chez Platinium-eSport. 

Deux jours après cet événement, la nouvelle tombe : Fifflaren quitte l'équipe. Le premier changement de joueurs en plus de deux ans d'existence pour Ninjas in Pyjamas.

août 2012 - novembre 2014 

 Ninjas in Pyjamas : Fifflaren, GeT_RiGhT, f0rest, Xizt, Friberg 

SteelSeries GO   DreamHack Valencia 2012   ESWC 2012   DreamHack Winter 2012   eSportsHeaven Prague Lan    Thor Open    NorthCon 2012   Mad Catz Vienna   TechLabs Cup Moscou  Copenhagen Games 2013   Finales SLTV V   EMS RaidCall One Spring

Finales ESEA XIII Invite   Svecup #2   ESPORTSM 2013   DreamHack Summer 2013   EMS Raidcall One Summer   Finales SLTV VI   Finales ESEA XIV Invite   DreamHack Bucharest 2013   Finales SLTV VII   EMS Raidcall One Fall 4.  ESWC 2013   DreamHack Winter 2013

Finales Svecup   DreamHack Invit.   EMS One Katowice 2014   Copenhagen Games 2014   Finales SLTV IX    ESPORTSM 2014   DreamHack Summer 2014 5/6.  Finales ESEA XVI Invite 5/8.  Gfinity 3    ESL One Cologne 5/6.  DreamHack Stockholm

A la tête de quasiment toutes les équipes suédoises ayant joué un vrai rôle sur la scène Source, Robin "Fifflaren" Johansson est passé de joueur emblématique au joueur le plus décrié et critiqué de l'histoire de Counter-Strike. Jamais un joueur n'a eu autant de pression à chacune de ses sorties. Son palmarès et ses séries de victoires resteront sans doute comme la meilleure des réponses à ses détracteurs. 

Jamais un joueur n'a su rester aussi calme face à ces vagues incessantes de critiques voire d'insultes. Fifflaren, c'est avant tout un sourire et une bonne humeur permanente à chaque événement. Une attitude qui devrait servir d'exemple à tout joueur souhaitant devenir professionnel dans le milieu. 

Fifflaren prend une retraite bien méritée et obtient par la même occasion une belle place dans le Hall of Fame du sport électronique. 

Source : Cadred.org, Xplayn.com, actu-lan.fr