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Zeus, histoire d'un foudre de guerre
Page 3: La montée en puissance sur CS:GO
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Mais le début va être dur, très dur. Quand certaines formations comme NiP ou VeryGames se consacrent déjà à cet opus depuis plusieurs mois, Na'Vi débarque et peine à se faire à ce jeu encore bien obscur pour les cinq champions. Il faut attendre le printemps 2013 pour voir émerger les premiers résultats avec une quatrième place en TECHLABS Cup et une troisième aux finales SLTV StarSeries V. Et plus le temps passe, plus le cinq se rend finalement compte qu'il ne se débrouille pas si mal que ça : lors des finales SLTV VI, il se débarrasse d'ESC Gaming , de Virtus.Pro, et mène même 2-1 en finale contre NiP avant de craquer sur les deux dernières cartes du Bo5. Première finale disputée, perdue certes, mais quand même : Na'Vi répond bien présent sur CS:GO. Une deuxième finale au Prague Challenge, perdue contre le mix Nostalgie où figurent kennyS et apEX, le confirme.
Sauf qu'une drôle de nouvelle va être annoncée. Une nouvelle qui nous ramène à la création de Na'Vi, quand un excentrique millionnaire avait créé la structure aux couleurs jaunes, remuant ainsi toute la scène ukrainienne. La même chose va se passer près de trois ans plus tard, mais c'est cette fois-ci Na'Vi qui va en faire les frais. Ilyas Sarsenbayev, un investisseur kazakh, veut son équipe de l'est parfaite. Dans une nouvelle structure appelée Astana Dragons, il recrute Dosia, AdreN et ANGE1 de chez Virtus.Pro, et markeloff et Edward de chez Na'Vi. Trois ans d'aventures prennent fin. Zeus, lui, reste fidèle à sa structure fétiche. Et pour remplacer les deux partants, il va s'entourer de deux petits jeunes : le premier a déjà joué avec la formation en tant que stand-in lorsque c'était nécessaire et se nomme seized. Il amène dans ses bagages le second, un ancien coéquipier à lui, kibaken.
Un duo de danseurs était né
Zeus prend donc des jeunes pousses russes sous son aile et, mieux encore, il laisse carrément son rôle de leader à seized. Sous cette nouvelle configuration, ils s'envolent vers Bucarest, à l'occasion de l'étape DreamHack qui a lieu dans la capitale roumaine. Et le hasard fait bien les choses puisqu'un duel contre Astana Dragons attend l'équipe dès les poules. La défaite sera malheureusement au rendez-vous, 16-10, mais les Russo-Ukrainiens se reprennent à temps pour tout de même atteindre l'arbre et ne sortir qu'en demi-finale.
La revanche contre les Dragons a lieu lors des finales TECHLABS et malgré une victoire en winner bracket, un nouveau revers en loser bracket scelle une troisième place finale. Un résultat pas si décevant que ça puisqu'il offre à l'équipe un slot pour la DH Winter 2013, premier Major de l'histoire de CS:GO. Mais avant ça, la formation s'offre un showmatch historique face à fnatic version 2009 (cArn, f0rest, GeT_RiGhT, Gux, dsn), autre prétendante au titre de meilleure équipe de tous les temps sur CS 1.6. Disputé à moitié sur 1.6 et à moitié sur GO, c'est finalement le cinq ukrainien qui, reformé pour un soir, s'offre un anecdotique succès 3 à 2.
Reconnue pour être capable d'élever son niveau de jeu lors des tournois importants, Na'Vi est, malgré un statut qui n'est même pas celui d'outsider, attendue par tous à la DH Winter. Peut-elle sortir de sa torpeur et se rappeler aux bons souvenirs de 2010 ? La réponse est… Non. L'équipe ne jouera que deux matchs. Le temps de perdre 16-14 contre Clan-Mystik puis 16-13 contre LGB, où évolue le duo olofmeister - KRiMZ, et Na'Vi termine le premier Major de l'histoire de CS:GO sur un très triste top 13/16.
Un résultat indigne de la structure qui décide de se séparer de kibaken, la jeune recrue ne s'étant finalement jamais intégrée, pour recruter un certain GuardiaN, talentueux sniper de chez Virtus.Pro que la création d'Astana Dragons a laissé sur la touche. Mais ce n'est pas tout : membre historique de la formation, ceh9 est mis à pied. Et, à la surprise générale, c'est une ancienne légende qui va revenir à la maison, retrouver Na'Vi et son ancien compagnon Zeus : Edward.
Un retour aux sources qui ne donne pas grand-chose en début d'année 2014 : plombée par un mauvais départ avec son ancienne line-up, l'équipe lâche totalement en ESEA et finit la saison XV sur un abyssal 1-15. Elle passe en mode sous-marin, Zeus reprend le lead, et toute sa concentration se porte sur le prochain Major, les EMS One Katowice. La formation de l'est veut se reprendre après son raté de la DH Winter. Drôle de coïncidence, elle retombe dans le groupe de Clan-Mystik et de LGB. Et, malheureusement, elle ne sera pas capable de prendre sa revanche. Ce sont deux nouveaux matchs perdus qui attendent le cinq mené par Zeus, et une nouvelle désillusion au rendez-vous. Habituée des podiums et des succès, Na'Vi est toujours à la recherche du déclic sur CS:GO. Il va finir par arriver chez elle, à Kiev, au cours d'un tournoi auquel l'équipe ne devait même pas participer.
Ce tournoi, ce sont les finales SLTV IX. Invitée aux phases finales suite aux forfaits de plusieurs équipes qui ne souhaitent pas se rendre en Ukraine à cause des problèmes géopolitiques, Na'Vi récupère le slot de finaliste. Face à NiP, Virtus.Pro et Titan, l'équipe fait office de petit poucet, elle qui n'a toujours rien gagné sur CS:GO. Mais Zeus va mener ses hommes tel un parfait commandant et aller décrocher un succès totalement inattendu. Les Suédois sont écartés 2-0 sans sourciller et Titan suit le même chemin en finale du winner bracket. La grande finale, devant un public de la CyberSports ARENA totalement acquis à sa cause, rappellera les grandes heures de la line-up qui conclura le week-end sur un nouveau 3-0 contre NiP, remportant ainsi son premier trophée sur CS:GO. Zeus compte une ligne de plus à son palmarès, et celle-là sera particulièrement importante puisque c'est elle qui va faire rentrer Na'Vi dans la cour des équipes sur qui il faut compter.
La suite de l'année va continuer sur cette bonne dynamique avec une finale à la DH Summer après avoir collé un double 16-9 à Virtus.Pro en quart, et de bons résultats outre-Atlantique : une deuxième place à l'IronGaming Lan et une quatrième aux finales ESEA. Encore peu en vue il y a six mois de ça, Na'Vi s'affirme de plus en plus comme un outsider solide à l'heure où arrive le troisième Major de l'histoire de CS:GO, l'ESL One Cologne.
Déterminé à faire mieux que lors des deux premières éditions, Na'Vi commence bien en battant CPH Wolves avant de retomber dans ses vieux travers et de perdre contre LDLC, 16-12. Le match décisif, de nouveau contre les loups danois, sera plus que tendu, mais après un overtime c'est bien la bande de Zeus qui valide son ticket pour l'arbre, 19-17. La première étape est accomplie, mais l'ogre fnatic se dresse sur la route des Ukrainiens. Et après un match très disputé, et malgré le gain de la deuxième carte, Na'Vi finit par céder sur Nuke par le plus petit des écarts, 16-14. Un résultat au goût amer, mais déjà bien meilleur que ceux obtenus lors des deux premiers Majors.
C'est aussi à cette occasion qu'il va être possible de découvrir une facette supplémentaire de Zeus, celle d'un visionnaire, qui se préoccupe vraiment de l'avenir du jeu et des améliorations possibles à apporter pour qu'il devienne encore meilleur. L'ESL One Cologne met à disposition des équipes un temps mort pendant les parties, option évidente aujourd'hui mais presque inédite à l'époque. De plus, la fonction de coach "de jeu", à savoir un sixième homme qui n'est pas uniquement un manager mais bien un coach tactique, commence à se faire une place. C'est à ces sujets que Zeus est interrogé lors du tournoi :
Engager une personne supplémentaire, en plus du manager, pourrait être une bonne idée. Une personne qui pourrait étudier nos rivaux et leurs faiblesses, faire des statistiques, et faire en sorte que ces données servent en match. Si on prend ce tournoi par exemple, il y a des temps morts. S'il y a une personne qui connaît bien CS, avec une bonne expérience de jeu, qui reste derrière nous, et qui peut voir l'équipe lors de ses mauvaises performances et en comprendre les raisons, puis ensuite lors des temps morts signaler ces erreurs pour que l'équipe les corrige, oui, cela pourrait marcher." |
Un système qui, aujourd'hui, est mis en place – et a même été poussé encore plus loin – par toutes les équipes ou presque. Zeus ne fait pas qu'analyser Counter-Strike en tant que jeu, il le fait aussi en tant que discipline à part entière, lui qui aura été l'un des mieux placés pour voir l'évolution de l'esport à travers les années 2000 puis 2010.
Et son discours résonne encore plus quand on sait qu'en début d'année 2015, après un nouveau trophée remporté aux GameShow League Finals en octobre 2014 et une première demi-finale en Major atteinte à la DH Winter, Na'Vi décide de se séparer de starix le joueur, jugé trop peu performant, pour accueillir starix le coach. Quant à son cinquième homme, elle jette son dévolu sur la nouvelle petite pépite de l'est : flamie.
Un pari risqué puisque si flamie jouit d'une très bonne réputation sur la scène CIS, il n'a presque rien prouvé au niveau mondial. La machine va mettre un peu de temps à se lancer et le premier Major de l'année est déjà passé quand le changement est effectué. Mais la formation va véritablement montrer son potentiel lors des finales ESL Pro League, en avril, sortant EnVyUs puis venant à bout de Titan en finale pour remporter son premier titre de l'année. Dans un cinq qui est devenu six puisque starix co-lead avec Zeus, l'entente semble excellente. Avec le lead qui ne lui est plus totalement à charge, le capitaine de l'équipe peut se reconcentrer sur son niveau personnel, pour le plus grand bien de la formation.
L'été arrive, et si la montée en force de Cloud9 va focaliser toutes les attentions, les jaunes ne vont pas être en reste et vont accumuler les bons résultats, glânant des podiums à la DH Summer ainsi qu'aux finales CEVO et FACEIT. Mais plus important, l'ESWC, délocalisé à Montréal, sourit de nouveau à Zeus et Edward qui rejoignent GeT_RiGhT et f0rest dans le cercle des joueurs à avoir gagné cette compétition sous deux opus différents. Ce succès prouve à tous quelque chose : Na'Vi peut gagner de gros tournois sur CS:GO. Ce n'est plus qu'une équipe de petits tournois, mais bien l'un des favoris partout où elle se présente. Et ce nouveau statut, la DH-Cluj Napoca, prochain Major, va faire plus que le démontrer.
Malgré un début de tournoi moyen et une défaite contre nV en poules, l'équipe se sort d'un match piège contre CLG – où Zeus tente de se prendre pour Jésus en marchant sur le feu – pour obtenir sa place dans l'arbre. Deux cartes accrochées mais solides contre les Brésiliens de Luminosity, 16-14 16-13, offrent une place en demi-finale. Et c'est ce match qui va tout faire basculer. Car personne, personne ne voit Na'Vi l'emporter face à NiP. En Major, les ninjas sont des monstres, capables de renverser n'importe qui. Tout le contraire de Na'Vi, dont beaucoup pensent que son arrivée en demi-finale relève uniquement d'un tirage au sort favorable. Mais Zeus & Co vont exploser, détruire, désarticuler les Suédois. 16-3, 16-6. Porté par un immense GuardiaN, ils vont aller chercher leur place en finale et prouver au monde entier que Natus Vincere, le tag légendaire de CS 1.6, a définitivement sa place dans les premiers rôles.
Et même si la finale est perdue face à nV, même si la déception est immense, Na'Vi a brisé la logique de l'éternel outsider pour mettre en place celle de l'équipe qui gagne. Il y a un avant et un après Cluj-Napoca. Il y a un avant et un après ce match contre NiP. Les plus nostalgiques peuvent sourire. Le tag qui les a tant fait rêver est de retour au sommet.
Les six qui ont ramené Na'Vi au sommet sur CS:GO
DreamHack Leipzig, IEM San Jose, Counter Pit League S2 : autant de trophées qui viennent remplir une armoire qui avait pris la poussière depuis bien trop longtemps. Désormais, Na'Vi gagne face aux Astralis et autres EnVyUs. C'est aussi une des seules équipes à réussir à contenir la montée en puissance des Brésiliens de Luminosity, ce qui accouchera d'une magnifique rivalité et de quelques matchs rentrés dans la légende, la première carte de leur demi-finale des IEM Katowice en avril 2016, Overpass, étant considérée par beaucoup comme la plus belle jamais disputée sur CS:GO.
Zeus est de retour au sommet. Enfin, presque. Pour asseoir définitivement sa suprématie, il faudrait que le cinq ukrainien gagne un Major. Un seul petit Major. Pour le capitaine de l'équipe, qui en a déjà gagné à la pelle sur 1.6, cela ne devrait pas être si difficile. Et pourtant. Comme fin 2011, comme en 2012, Na'Vi va recommencer à accumuler les deuxièmes places. La malédiction de la médaille d'argent est de retour.
D'abord à la MLG Colombus, où après un parcours sans faute jusqu'en finale et aucune carte concédée, l'équipe doit céder sur Mirage face à Luminosity, au bout du suspense, après avoir pourtant mené 11-4, 15-14 et 17-16 dans le sillage d'un Zeus bouillant. Mais les Brésiliens étaient trop forts. Juste un peu trop forts. Pour la deuxième fois, Na'Vi et Zeus échouent en finale d'un Major. Pire encore, deux semaines plus tard, NiP chippe le titre de la DH Malmö sous leur nez dans une finale où, cette fois et contrairement à Cluj, personne ne voyait la formation ukrainienne perdre. Et pourtant, il faut se rendre à l'évidence : Na'Vi a oublié comment gagner. Malgré starix, malgré Edward, malgré Zeus. Elle n'arrive plus à remporter de tournoi, et un nouveau revers contre Virtus.Pro lors du dernier match de l'i-League Invitational le confirme.
Elle se laisse une dernière chance lors de l'ESL One Cologne. Peut-être que la troisième finale de Major sera la bonne. Mais ça, on ne le saura jamais. Car le parcours de Na'Vi sera stoppé dès les quarts par Team Liquid, l'équipe américaine portée par un exilé, un enfant du pays jaune et bleu parti aux États-Unis car personne ne voulait de lui en Europe, un compatriote de Zeus et Edward. s1mple. Peut-être le plus grand talent qu'ait jamais connu CS:GO, que tout le monde envoie chez Na'Vi depuis des mois maintenant, depuis que les difficultés de la structure légendaire à conclure en finale, notamment en Major, sont apparues. Et l'organisation va finir par céder.
Afin d'accueillir ce jeune prodige, elle va dire au revoir à Zeus. Le dernier des mohicans, le seul à être resté tout le temps fidèle à la structure, souris en main, depuis ses tout premiers pas. Remplacé par un joueur qui n'avait même pas six ans quand lui tentait déjà de se qualifier pour des tournois internationaux.
C'est un monstre sacré, une légende absolue qui quitte une structure qui est, sous son capitanat, devenue une référence mondiale. Joueur extrêmement réputé à l'est de l'Europe même en dehors du jeu, notamment grâce à ses nombreux vlogs où il montre les coulisses des tournois et de son équipe, Zeus, à 28 ans, n'accomplira sûrement jamais son rêve de remporter un Major sur CS:GO, malgré un palmarès déjà plus que phénoménal. Même s'il a assuré, bien à sa manière, ne pas vouloir partir avant d'en avoir gagné un.
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Mais son avenir dans l'esport ne s'arrête pas là pour autant. Il retrouvera peut-être une autre équipe, ou s'orientera vers une voie un peu différente. Lui qui a si souvent remercié ce milieu pour toutes les personnes rencontrées et tous les voyages effectués, voudra sûrement lui rendre la monnaie de sa pièce. Cela peut passer par la formation de jeunes, un sujet qu'il avait déjà évoqué il y a plusieurs années en parlant de sa volonté de soutenir les nouveaux talents, par exemple à travers des équipes espoirs ou des centres de formation. L'avenir nous dira quelle est sa décision. Mais à coup sûr, la foudre est déjà prête à aller frapper ailleurs.
Son palmarès offline
2004 : ASUS Autumn 2005 : ASUS Winter 2006 : ASUS Winter 2007 : ASUS Winter 2008 : ASUS Winter 2009 : ASUS Autumn 2010 : Arbalet Cup Asia |
2011 : 4. IEM V Europe 2012 : IEM VI Kiev 2013 : 4. TECHLABS Cup Moscow 2014 : 13/16. EMS One Katowice |
2015 : 5/8. ESL One Katowice 2016 : SL i-League S1 Finals |
Crédits photos : HLTV, CyberSport, SLTV, VK Daniil "Zeus" Teslenko
Merci à SteeX pour la relecture et à Cerogrimm pour la bannière
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