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Comment le Brésil est revenu au sommet

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Deux équipes brésiliennes dans le top 10 monde d'après HLTV, aux 1ère et 8ème place. L'une gagne le plus gros tournoi jamais organisé sur CS:GO, l'autre débarque en Europe pour empocher les 55 000 $ promis aux vainqueurs de la neuvième saison de la ligue CEVO. Enfin, les deux se retrouvent en finale de la DH Austin pour s'offrir une finale entre compatriotes et humilier encore un peu plus les Américains. En même pas un an, le Brésil est (re)devenu une nation majeure sur Counter-Strike. Comment en est-il arrivé là ?

Parce que oui, le Brésil avait déjà connu le très haut du panier il y a maintenant presque dix ans de ça. Grâce à des légendes de l'époque telles que cogu, nak, bruno ou bit qui avaient amené l'équipe MiBR - pour Made in Brazil - sur le toit du monde à l'ESWC 2006, la DreamHack Winter 2007 ou bien la GameGune 2008. Mais depuis, plus grand-chose à se mettre sous la dent. Jusqu'à cette période 2015-2016 et le retour en fanfare d'un pays qui avait oublié qu'il pouvait concurrencer les meilleurs.

FalleN n'a jamais laissé tomber...

Alors, réduire le renouveau du succès du pays de la samba à ce seul homme serait évidemment injuste, mais il n'empêche : FalleN a porté sur ses épaules le Counter-Strike brésilien pendant de longs mois, avec patience et humilité, gravissant pas à pas les échelons jusqu'à la consécration suprême.

C'est tout d'abord un excellent joueur : AWPer de toute première qualité, clutcher fou, c'est aussi un excellent leader-in-game et meneur d'hommes qui a parfaitement compris les forces de son équipe. Des joueurs extrêmement skillés, c'est très bien, mais cela ne suffit pas. FalleN y a ajouté une bonne dose de stratégie, lui qui a introduit de nouveaux jeux de smoke sur Mirage ou Cobblestone par exemple. C'est un habile dosage entre ces deux points qui fait la force de l'équipe. Là où l'on a souvent reproché à EnVy de manquer de stratégie, là où une formation comme FlipSid3 peut compter sur le génie de B1ad3 mais pas assez sur des joueurs parfaitement acérés, Luminosity semble avoir trouvé le bon équilibre. Et c'est peut-être pour ça que les affrontements qu'elle offre avec Na'Vi sont souvent si spectaculaires, parce que l'équipe ukrainienne propose plus ou moins la même chose. Un duel miroir qui fait des étincelles.

 

 

Mais encore plus que tout ça, FalleN est surtout un visionnaire hors-norme. Il a très vite compris que le Brésil n'avait aucune chance de grimper dans la hiérarchie mondiale s'il restait isolé dans son coin. C'est donc de son propre chef qu'il a décidé de partir avec son équipe, en fin d'année 2014, pour aller vivre aux États-Unis et avoir une chance d'affronter directement, à conditions égales, des équipes plus talentueuses. À partir de là, ceux connus sous le nom de KaBuM! puis de KeyD Stars vont, petit à petit, prendre leurs marques et laisser leur trace dans la mémoire des autres équipes.

Hop, un match gagné contre Cloud9 aux X-Games. Hop, une map chipée à fnatic à la Clutch Con. Hop, une qualification surprise pour Katowice 2015 et son Major en battant INSHOCK puis dignitas, avant de sortir des poules de ce même Major pour aller se tester contre Virtus.Pro dans l'arbre. Les Brésiliens ont bien compris qu'ils n'allaient pas avoir une flopée d'occasions de se faire remarquer et qu'il ne fallait laisser passer aucune d'entre elles. D'autant plus pour faire honneur à l'aide qu'ils ont pu recevoir de la part de la communauté mais aussi d'autres joueurs, comme flusha qui les a aidés à financer leur voyage en Pologne. C'est là leur plus grande force, ne jamais s'être dit que la participation à un tournoi allait seulement leur servir pour grappiller de l'expérience, espérer grignoter quelques rounds… Non, ils ont toujours tout donné pour gagner, pour se faire leur place, pour montrer que le Brésil voulait sa part du gâteau et était prêt à tout pour la prendre.

Ajoutez à ça un travail en sous-marin intensif entre chaque grand événement, des joueurs comme fer ou coldzera qui se révèlent comme pouvant parfaitement rivaliser avec les meilleurs, une motivation largement supérieure à celle des équipes américaines instables, et vous obtenez l'alchimie qui fait que peu à peu, celle qui se fait désormais appeler Luminosity Gaming devient la meilleure équipe du continent américain.

... et a pensé à absolument tout

Mais là où FalleN a fait vraiment fort, là où personne d'autre que lui n'a fait mieux, c'est dans la préparation de l'avenir. Car le leader brésilien n'a pas seulement pensé à son équipe, à sa formation, mais à son pays tout entier. Le projet Golden Chance qu'il lance à l'été 2015 va accoucher d'un petit, l'équipe Games Academy, censée regrouper les meilleurs espoirs de la scène brésilienne, afin qu'eux aussi puissent partir tenter leur chance sur les terres américaines.

Parce qu'il arriverait bien un moment où Luminosity craquerait, atteindrait son plafond de verre, et où il faudrait changer des choses pour aller encore plus haut. D'où la nécessité d'avoir des joueurs prêts et affamés derrière pour prendre la relève. Ce concept, FalleN l'avait d'ailleurs déjà lancé à l'époque 1.6, avec la même volonté de réveiller tout son peuple et de lui faire atteindre les sommets. Un visionnaire, vous dit-on.

Cette première barrière pour LG, elle va être atteinte à la DH Cluj : défaite en quart de finale face aux Européens de chez Na'Vi malgré deux maps serrées. S'ensuit un enchaînement de résultats moyens, indignes de ce que l'équipe était parvenue à montrer. Elle stagne, tout simplement. Elle est alors classée 9ème mondiale par HLTV. Déjà pas si mal, devant des formations comme Titan, Cloud9 ou dignitas. Mais ça ne suffit pas. Luminosity veut viser encore plus haut. Même si l'équipe est soudée et solidaire, pour accéder au top, il y a un prix à payer. Deux éléments sont donc écartés : au revoir boltz et Steel, bienvenue fnx et TACO, deux joueurs qui, justement, faisaient partie de cette fameuse équipe Games Academy.

La suite, on la connaît.

 

Une dynamique nationale incroyable

Alors comment rester de marbre devant un tel mouvement quand on s'appelle HEN1 ou felps ? Voir ses anciens coéquipiers être sélectionnés pour rejoindre l'équipe nationale numéro 1 et jouer les tournois les plus prestigieux, difficile de trouver mieux comme source de motivation. Alors, ils doivent se dire, pourquoi pas nous ? Regarde-nous FalleN, nous aussi on a le niveau, nous aussi on arrive à dominer les Américains, battre les Européens et gagner des lans ! Et vas-y qu'ils travaillent encore plus, qu'ils impressionnent encore et toujours, pour montrer que le futur, c'est eux.

Et au-dessus, les gars de Luminosity, ils sont contents de voir leurs compatriotes de Tempo Storm gagner ? Bien sûr. Mais ce qu'ils voient, ce sont aussi de futurs concurrents, qui pourraient leur piquer leur place si eux se reposaient sur leurs lauriers. Alors ils se remettent devant le PC et écrasent la concurrence, histoire de montrer aux jeunes que, eh, on est encore là, les gars. Si vous voulez notre place, il va falloir venir la chercher.

C'est une concurrence féroce et pourtant parfaitement saine entre les deux équipes car elle fonctionne sur une relation gagnant-gagnant. Chacun permet à l'autre de progresser et de continuer à grimper. Jusqu'à quel point ? L'avenir nous le dira. Mais en attendant, en un an, là où beaucoup ont préféré la tranquillité d'un train-train quotidien et la satisfaction d'une place dans le top 10 mondial, le Brésil s'est bougé, a pris des risques, et a fait souffler un immense vent de fraîcheur sur la scène. Le cercle vertueux de résultats qui en découle n'est que juste récompense.

 

Au final, c'est tout le Brésil qui gagne

 

Merci à Cols et Dorian

Crédits photos : DreamHack, Aftonbladet, MLG

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