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Carmac : "On parle beaucoup de la France"
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Michal "Carmac" Blicharz est un acteur important en plus d'être un personnage emblématique du sport électronique mondial. Grand fan de Quake, il est devenu rédacteur en chef pour SK Gaming avant d'être remplacé par Thorin. Se démarquant par une créativité rare dans le milieu, il a imposé un style très original avec notamment pas mal d'humour. Chez ESL depuis 2009, il est l'une des grandes raisons derrière le succès des Intel Extreme Masters qu'il gère d'une main de maître. Rencontre avec l'homme qui pourrait donner à la France sa première étape dans le circuit IEM.
Bonjour Michal, merci de prendre le temps de répondre à nos questions. Première question banale, peux-tu te présenter rapidement pour nos lecteurs ne te connaissant pas encore ? MTG a également racheté DreamHack AB. Comment collaborez-vous avec eux. Existent-ils des passerelles entre DreamHack Masters et IEM ? Des moyens de production mis en commun ? C’est dorénavant difficile d’être excité à l’idée d’un Virtus.Pro vs. Fnatic car ces deux équipes peuvent se faire face quasiment toutes les semaines. A cela s’ajoute tous les autres matchups similaires, c’est très compliqué à suivre. Je comparerais ça à essayer d’écouter un titre alors que quelqu’un en joue quatre en même temps à côté de toi. C’est dur de se concentrer sur la mélodie et de la suivre. Peut être que nous devrions essayer de jouer plusieurs airs qui aillent ensemble, ce serait bénéfique pour tout le monde.
Depuis le rachat d'ESport Service (ESEA etc...) par ESL, tu travailles dans les studios américains d'ESL à Burbank. Est-ce que cela a été un choix difficile d'aller vivre outre-atlantique ? Je pense qu’il y a un gros problème entre la vision Américaine du sport et entre ce qui peut marcher pour l’eSport comparé aux Européens. En Europe, les différences en terme de structure sont très diversifiées et nous sommes habitués à rencontrer plusieurs formats. En Amérique, tout est franchises, équipes universitaires, détections et drafts. Et celà ne convient pas très bien à l’eSport. Si vous voulez avoir une version eSport de la NFL, vous devez avoir un apport de sang neuf sur le long terme. Au basket et au football (US), ce sont les universités qui apportent ce lot de joueurs. C’est logique puisque vous êtes au maximum de votre condition physique juste avant de rentrer en université. Mais dans l’eSport, ce pic est atteint quelques années avant les études supérieures, donc ce n’est pas dans les universités que vous trouverez le prochain n0thing. Vous avez donc un problème si vous adoptez un système fermé comme la NBA: cet apport de nouveaux talents. C’est juste un exemple bien entendu.Les IEM étaient le grand produit made in ESL jusqu'à l'arrivée de l'ESL One. On peut même ajouter désormais les DreamHack Masters. Ce sont finalement les trois produits phares en terme d'évenementiel pour le groupe MTG. Existe-t-il une sorte de rivalité interne entre ces trois branches ? Travaillez-vous en inter-dépendance ou chacun est réellement autonome de manoeuvrer comme il le désire ? D’après moi, quelqu’un qui dit qu’il n’y a pas de rivalité n’a aucune ambition ! Lorsque vous voulez produire quelque chose de qualité, vous regardez autour de vous vous faites une idée de cette “qualité” pour ensuite essayer de faire mieux. De ce fait, tous les événements eSport sont en concurrence. L’avantage c’est qu’il est possible d’essayer plusieurs choses et de voir ce qui fonctionne et pourquoi. Par exemple, les IEM comportent 12 équipes et 2 groupes joués en round robin. Les ESL One New York ont fait participer 8 équipes sur le format d’une ronde suisse. Il n’y a pas de modèle de référence pour l’eSport et c’est très utile pour la scène de tester différent formats afin de voir ce qui marche et sous quelles conditions. C’est la même chose que Valve qui a deux approches différentes entre CS:GO et DotA 2, et ça fonctionne.Très beau discours durant la cérémonie d'ouverture des IEM 2016 (starts around 6:00) Il n'est désormais plus secret que Valve souhaite que ses Majors soit attribué à des événements mono-jeu, ne mettant en avant que CS:GO. Cela met quasiment hors-jeu chaque étape IEM qui historiquement accueille au moins deux jeux à chaque fois. Quel est ton regard sur cette décision et as-tu eu des négociations avec Valve sur ce sujet précis ? Le problème de saturation de la scène CS:GO se pose de plus en plus. Nous avons de potentielles finales de Major quasiment chaque soir sur internet. Est-ce une problématique majeure pour toi dans l'optique de créer de l'intéret autour des IEM où par exemple Fnatic va rencontrer Virtus.Pro pour la 5ème fois de la semaine (ironie) ? Comment remédier à cela et créer des storylines convaincantes ? Je pense vraiment qu’il y a trop de contenu disponible. Les tournois doivent travailler les uns avec les autres pour arranger ça mais la vérité c’est qu’il n’y pas assez d’intérêts communs pour que ça se fasse. L’un des problèmes est que pour remplir un stade, tu dois avoir les meilleures équipes présentes. Tu fais ça en les invitant. Ca veut dire qu’il y a beaucoup de tournois majeurs mais qu’en plus, on y retrouve souvent les mêmes équipes. Ce qui empire encore les chose c’est que les gros tournois se suivent et se ressemblent avec un même format et les mêmes équipes. Nous sommes tous coupables à ce niveau-là mais ce n’est pas réaliste d’éviter un système d’invitations dans un monde où tout le monde l’utilise. Sur le long terme, on veut organiser des qualifications offline pour nos événements pour permettre à plus d’équipes de progresser et challenger les meilleures. Je pense qu’un mix, d’invitations et de qualifs lans très relevées, est le bon format pour les tournois. C’est aux organisateurs de travailler ensemble pour créer des histoires convaincantes mais c’est évidemment très compliqué !
Spodek Arena, Oracle Arena, MSG. L'eSport s'invite de plus en plus dans les plus grandes salles du monde. hastr0, owner d'EnVyUs, évoquait la possibilité de construire sa propre salle, son propre stade dédié à EnVyUs. Crois-tu que cela serait une composante du futur de l'eSport ? Pourrions-nous avoir des matchs à domicile et à l'extérieur dans un stade d'une équipe concurente ? Les rachats d'équipes par des franchises sportives bien établis pourraient aller dans ce sens ? Non, je ne pense pas que cela arrivera dans un futur proche. Retransmettre en direct coûte très cher et ce que tu suggères signifie qu’un certain nombre d’équipes paieraient chaque semaine ou toutes les deux semaines une dizaine de personnes pour retransmettre en direct de leur studio. Je ne pense pas que ça soit viable sans un public très large qui viendrait de manière régulière. Je ne pense pas que l’esport en soit déjà là. Si tu prends en considération que différentes jeux sont populaires dans différentes régions, et que les jeux continuent à perdre des fans au fil du temps, construire un stade cher à un endroit est un risque. Cela dit, c’est l’esport. C’est difficile de tenir pour vrai sans avoir essayé Je suis peut être juste un blaireau avec une vision limitée !Où rêverais-tu d'organiser un évènement ?
Dernière question, où est Uszat ?! Il nous manque énormément ! |
Vous pouvez suivre Michal sur son Twitter : @mbCARMAC
Traduction par illy et gubbs
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