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Blog de la rédac : Hasard, mon beau hasard...

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Pour qu'un jeu soit viable au niveau compétitif, pour qu'il puisse fonctionner et être attractif autant pour les joueurs que pour les spectateurs, il faut qu'il y ait des règles. Ces règles suivent des logiques, et mettent souvent en avant le mérite : l'équipe qui gagnera sera la plus forte, celle qui aura réussi la meilleure performance dans le cadre de ces règles, de ces logiques.

CS:GO ne fait pas exception et le jeu est régi par de nombreuses logiques, de nombreuses règles, que ce soit au niveau compétitif (15 rounds à chaque side, le premier à 16 gagne), tactique (les armes possèdent des statistiques précises, les dégâts varient selon la zone du corps touché), ou même économique (présence d'un cycle économique fixe). Évidemment, de nombreuses autres choses s'ajoutent au mélange mais au final, c'est l'ensemble de toutes ces règles qui régissent Counter-Strike et font du jeu l'Éden des FPS.

Et il est intéressant de noter qu'un élément n'est pas le bienvenu, ou alors uniquement à de rares occasions : le hasard. Tout est fait pour que chaque logique soit respectée dans tous les cas, pour que tout soit calculé, pour que rien ne soit laissé au hasard : au final, celui qui l'emporte ne le doit qu'à ses compétences et sa maîtrise.

Attention, on ne parle pas de chance, mais bien de hasard. Même si les deux sont très proches, ce n'est pas tout à fait la même chose. La chance ne se contrôle pas. Ni les joueurs, ni les développeurs, ni personne ne peut se targuer de pouvoir la maîtriser, ni même de savoir sous quelle forme elle se présentera. S'il est possible de définir le hasard, de le "cadrer", de savoir où est-ce qu'il pourra avoir une influence, la chance est par contre totalement libre, parfois portée disparue, parfois omniprésente. Personne ne peut la prévoir, l'anticiper, voire la définir tant nul ne sait sous quelle forme elle est susceptible de se manifester.


Qui aurait pu anticiper que la bombe allait sauver dupreeh d'une mort certaine ?

Mais ici, c'est le hasard qui nous intéresse. Dans un jeu qui demande des centaines et même des milliers d'heures d'entraînement pour arriver à un bon niveau, qui demande de connaître sur le bout des doigts un nombre impressionnant de stuffs et de tricks, qui met en avant les réflexes, la précision et le skill de chacun, le hasard ne semble pas avoir sa place. Et pourtant…

Première chose, il est intégré de base dans certaines mécaniques de jeu : les emplacements de spawn de chaque joueur au début des rounds lui sont dûs. Qu'il n'y en ait que cinq possibles comme sur Inferno ou quinze comme sur Dust2, le hasard décide de l'endroit précis où vous spawnerez. Mine de rien, cela peut avoir une grande influence si, par exemple, quatre terroristes apparaissent aux quatre spawns les plus proches de la GA. Mais une fois dans cette dernière, le hasard ne jouera plus, ce sera à qui trouvera la tête en premier, qu'importe le spawn.

Idéalement, le hasard se limiterait à ça. Dans un jeu comme Counter-Strike tel qu'on le connait actuellement, si l'on excepte ces premières secondes de round qui peuvent être influencées, tout le reste ne se déciderait que selon la force, le talent, la stratégie et le skill des équipes et joueurs.

Mais évidemment, en réalité, il a une part beaucoup plus importante. Et ce n'est ni logique, ni juste, ni appréciable.

On peut parler du hasard en ce qui concerne la probabilité de toucher un adversaire : s'il est évidemment admis qu'un headshot à l'AK-47 tuera à coup sûr l'ennemi (c'est une règle définie dans le jeu, qui peut même s'afficher pendant l'écran de chargement des cartes), et bien parfois, ce ne sera pas le cas. Pourquoi ? Car de temps en temps, la première balle ne part pas droit.

Le problème existait déjà sur 1.6 mais est toujours présent aujourd'hui. Absolument rien n'explique le fait que parfois, selon la distance, selon le vent ou le cycle de la lune, une balle tirée dans la tête d'un ennemi décidera de zigzaguer et de taper à côté. Il faut s'en remettre au hasard et espérer que cela n'arrive pas dans un moment décisif.

On peut aussi parler du hasard pour les grenades. Pourquoi certains objets du décor absorbent tous les dégâts explosifs ? Pourquoi d'autres au contraire ne changent rien du tout à la puissance de la déflagration ? Alors que la grenade est censée donner un certain nombre de dégâts en fonction de la distance de l'explosion, du port ou non d'un kevlar et de nombreux autres paramètres, parfois, tout cela est mis de côté juste parce qu'un petit chariot se trouvait au beau milieu du champ de bataille :

Ces deux exemples ne rentrent pas dans la logique, dans les règles de Counter-Strike. Et sur ce point-là joueurs nouveaux, occasionnels ou professionnels, tous sont sur le même point. Aucune heure d'entraînement, aucune tactique, rien ne pourra permettre de maîtriser ça. Il faut encore une fois espérer, croiser les doigts pour que cela ne nous arrive pas ou, en tout cas, pas dans un moment crucial.

Ce qui est étonnant, c'est que Valve connaît ces problèmes. Ils ne sont pas nouveaux, certains existaient déjà sur les précédents opus, et ils ressurgissent régulièrement que ce soit pendant les matchs de pros ou dans les sujets les plus commentés sur reddit. Et malgré tout, la firme américaine ne fait rien. On peut imaginer, comme pour les hitboxes, que le problème sera réglé un jour, que les développeurs travaillent dessus, que ce n'est qu'une question de mois avant que tout ça ne soit corrigé définitivement.

Mais on peut aussi penser autre chose. On peut aussi penser que Valve ne va pas empêcher le hasard d'avoir sa place, et peut-être même qu'elle va l'encourager. Et cela même en dehors du jeu lui-même. Après tout, les Majors ne sont-ils pas les seuls tournois à avoir un système de véto laissant le hasard décider de la troisième carte ? Ban – ban – pick – pick et… Advienne que pourra pour la dernière.


"Inferno was chosen out...", mais cela aurait aussi pu être Mirage ou Cache. Qui décide ? Le hasard.

C'est comme si en plus de devoir vaincre ses adversaires il fallait aussi réussir à battre le jeu, à battre Valve, à être plus fort que le hasard. Comme si Counter-Strike n'était pas déjà assez complexe à maîtriser comme ça, il faut maintenant en plus triompher de l'aléatoire et de quelque chose qu'on ne contrôle pas, ou plutôt que Valve laisse incontrôlable.

Le fait d'avoir du hasard dans un jeu n'est pas dérangeant si cela est clairement dit et admis. Or, dans Counter-Strike, ce n'est pas le cas. Du moins ce n'était pas le cas jusqu'à maintenant. Ton aim est mauvais ? Va jouer en deathmatch, en aim_map, et améliore-le. Tu ne connais aucun stuff ? Va chercher des exemples et entraîne-toi à les lancer. Tu n'as aucun brain ? Regarde des matchs de pros, demande des conseils, analyse ton jeu pour essayer de voir tes erreurs et ne plus les reproduire. Il y a toujours moyen de s'améliorer à CS en travaillant, en essayant d'acquérir plus de maîtrise, plus d'expérience, plus de force. Mais le hasard vient casser tout ça. Le hasard remet tout en cause car il met tout le monde sur le même pied d'égalité dans un jeu qui récompense normalement le mérite et les compétences.

Évidemment, le hasard n'aura une réelle influence que sur une minorité de parties, une minorité d'actions. Mais quand même. Si cela arrive au mauvais moment, il y aura largement de quoi rager. Car ce n'est pas juste et qu'on ne peut rien y faire. Ne reste donc plus qu'à prier pour que les 5% de probabilité que la balle ne touche pas votre ennemi à moyenne distance, alors que votre viseur est pourtant pile entre ses deux yeux, n'arrivent pas lors de l'ultime duel de votre 1vs5.

Merci à SekYo pour l'aide apportée sur l'article et à L4p pour la bannière

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