Retrouver les IEM Katowice à la Spodek Arena avec du public était déjà quelque chose de fort pour la scène CS:GO. En y ajoutant le scénario, les matchs et les résultats, nous nous retrouvons avec une merveilleuse compétition dont l'épilogue se jouera d'ici quelques heures, écrivant ainsi de nouvelles lignes à l'histoire de Katowice mais aussi de la scène. 

Une histoire de nations

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JACKZ, premier Français en haut de Katowice ?

Comme nous l'écrivions il y a quelques jours, ce n'est pas à Katowice que l'histoire de la scène française s'est écrite, au contraire. Souvent absents, parfois placés, jamais titrés, les tricolores ont l'espoir de faire tomber cette malédiction ce soir au travers de JACKZ.

Deux ans après la finale perdue contre NAVI, JACKZ va donc retrouver la Spodek Arena pour le match décisif de ces IEM. Durant tout ce temps, la coqueluche de G2 Esports a accumulé de l'expérience et maîtrise aujourd'hui parfaitement son rôle si discret mais si important pour parvenir à faire briller NiKo, huNter et m0NESY, tout en prenant ses responsabilités le cas échéant. Si la communication de G2 tourne souvent de lui, c'est aussi que sa personnalité est essentielle dans le groupe mais aussi face à un public, public qui n'était pas présent il y a deux ans mais qui sera là, cette fois, peut-être pour apporter sa première couronne polonaise à la France.

Y a pas à dire, on aime avoir JACKZ pour représenter le drapeau tricolore

De nouveaux drapeaux dans le palmarès de Katowice

Depuis que les IEM Katowice existent, seules six nations sont reparties de la Spodek Arena avec ce trophée qui rappelle tant une certaine coupe aux grandes oreilles. Pis encore, il a fallu attendre 2020 et le succès de NAVI contre G2 pour voir de nouveaux drapeaux aux côtés de ceux de la Pologne, de la Suède et du Danemark. Hobbit a permis au Kazakhstan de s'y ajouter l'année suivante.

Cette édition faisant la part belle aux équipes internationales, des pays vont toucher une compétition qu'ils n'avaient jusque-là parfois jamais approchée. Avec 10 joueurs, 9 nationalités et seulement 2 déjà présentes au palmarès de Katowice (le Danemark avec karrigan et la Russie avec m0NESY), il est certain que de nouvelles couleurs vont être gravées sur ce trophée. Si G2 l'emporte, ce sera pour la France, la Bosnie-Herzégovine et la Finlande. Si FaZe gagne, on y verra la Lettonie, l'Estonie, le Canada et l'Australie, aussi une première pour des joueurs originaires d'Amérique et d'Océanie.

Le drapeau européen, enfin ; la disette pour G2 ou FaZe, encore

Les débats autour de l'efficacité des équipes internationales ne sont pas nouveaux et n'ont pas fini de faire couler de l'encre. Comme FaZe, G2 a eu l'occasion de remporter la compétition que toute structure souhaite remporter, le Major. Comme FaZe, G2 a buté sur la dernière marche. Enfin, toujours comme FaZe, G2 peine à conclure ses tournois et termine régulièrement dans le top 3/4, mais jamais sur la première marche.

S'il n'y a donc pas de suspense sur le fait que le drapeau européen retrouvera cette place en lan qu'il n'a plus connue depuis l'ESL Pro League S10 et la victoire de mousesports, avec karrigan et ropz, il y a un réel défi pour savoir qui de FaZe ou G2 remportera sa première lan T1 depuis 2019 pour l'une, 2017 pour l'autre. À noter toutefois que, depuis, FaZe a remporté les IEM New York Europe en ligne et G2 deux lans d'un niveau moindre mais plutôt lucratives, la Good Game League et les finales Champions Cup.

Une histoire de binômes

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NiKo et huNter pour une première victoire en famille

C'est la belle histoire de G2, l'une des histoires marquantes de la scène de ces dernières années, celle des cousins Kovac réunis sous les mêmes couleurs, mais cette histoire manque encore d'un petit quelque chose : une victoire. Certes, les Bosniens ont déjà énormément enrichi leurs souvenirs communs en plaçant G2 parmi les cinq meilleures équipes au monde, voire les trois meilleures, et en terminant 3ème et 12ème du dernier Top 20 HLTV, mais ils n'ont pas encore réussi à remporter une compétition, que ce soit en ligne ou en lan. 

Justement, en lan : Top 2 aux IEM Cologne, Top 2 au PGL Major Stockholm, Top 3/4 aux IEM Winter et enfin Top 5/6 aux finales BLAST Premier World. Trois fois, NAVI a stoppé net les rêves des cousins, avant qu'aux IEM Winter, NiP profite de l'absence de nexa pour sortir G2 malgré un match dantesque du binôme familial. Cette fois, l'obstacle NAVI est passé, ne reste plus qu'à conclure pour, enfin, soulever ensemble un trophée.

Bientôt leur meilleur souvenir partagé sur CS:GO ?

karrigan et ropz, des retrouvailles lune de miel

Ce n'est pas karrigan qui a révelé ropz au monde entier en le recrutant chez mousesports, mais c'est sûrement lui qui a fait passer un cap à l'Estonien avec sa propension à faire briller les joueurs autour de lui et à en tirer le meilleur. 19ème meilleur joueur de 2018 avec un rating de 1,10 avant que le Danois n'arrive, 10ème puis 7ème avec des rating de 1,19 et 1,17 sur leurs deux années communes. Que dire si ce n'est que ropz s'est installé parmi les meilleurs rifles au monde aux côtés de karrigan ?

Alors forcément, quand l'un pédalait dans la semoule avec FaZe aux côtés de stars vieillissantes et que l'autre surnageait chez MOUZ, les rumeurs autour de retrouvailles n'ont cessé d'enfler jusqu'à se confirmer en ce début d'année. Avec ropz, la puissance de feu de FaZe fait peur, très peur même. Et elle s'est confirmée sur la première phase des BLAST Premier Spring, puis sur ces IEM Katowice où plusieurs obstacles se sont pourtant mis sur sa route (isolement, absences, stand-in). Encore un match, un seul, et ces retrouvailles entre karrigan et ropz n'auraient pu mieux commencer.

NiKo et broky, cette dernière lan gagnée... ensemble

Depuis novembre 2019, NiKo et broky n'ont remporté qu'une lan. Cette lan, c'était la BLAST Pro Copenhague, à une époque où ils étaient tous les deux chez FaZe, où le format BLAST n'était pas du tout le même et où broky n'était encore qu'un rookie au plus haut niveau. Depuis, ils ont remporté les IEM New York Europe en ligne ensemble et... c'est tout. On ne va pas refaire la liste des Top 2 de NiKo et revenir sur tous les échecs de FaZe, mais tout simplement se rappeler que si l'un remportera enfin une lan depuis 2019, l'autre devra attendre, encore.

Aussi, s'ils n'ont pas le même rôle, broky est lui aussi devenu un joueur accompli depuis, un des meilleurs snipers au monde et un joueur capable de montrer la voie à son équipe. Cette petite histoire dans la finale pourrait donc avoir un bel intérêt si le Letton et le Bosniaque venaient à se rendre les coups. 

Aleksib et karrigan, ces leaders en quête de victoire

A l'instar des entraîneurs dans le sport et des coachs dans l'esport, le rôle de leader est un rôle à part. Un grain de sable peut faire dérailler une machine bien huilée, préparée durant des mois, et changer le cours d'une carrière, si proche et en même temps si éloignée du succès. C'est ce que partagent Aleksib et karrigan chacun à leur manière. L'un a gravi les échelons avec ENCE entre 2018 et 2019, tombant sur Astralis au moment d'inscrire son nom dans la légende. L'autre est connu pour être l'homme des secondes places, celui qui ne conclut que trop rarement, celui qui a laissé passé sa chance à Boston.

Autre point commun, ces deux dernières années ont été difficiles pour eux, avec OG pour le Finlandais et mousesports puis FaZe pour le Danois. Aleksib n'a rien remporté en 2020, puis juste une faible Spring Sweet Spring #2 en 2021. Pour karrigan, c'est le grand froid depuis l'ICE Challenge début 2020. Cette finale d'une des compétitions les plus prestigieuses prend donc un tout autre sens pour ces leaders, qui ne voudront pas regoûter à l'âpre goût de la seconde place.

Une histoire plus personnelle

AMANEK, le clin d'œil et le 100% en coach

Evidemment, on aurait tous préféré que le test du jour de XTQZZZ soit négatif pour que le divin chauve puisse partager cette première finale avec ses joueurs. Pourtant, on ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire à l'idée de retrouver AMANEK derrière G2, comme hier contre Heroic. Appelé de dernière minute à Katowice pour palier un éventuel cas positif dans le cinq, le couteau suisse a ainsi ajouté un nouveau rôle à sa large palette.

Il ne faut cependant pas attendre d'AMANEK qu'il prenne et fasse le travail de XTQZZZ puisqu'il est sorti de l'équipe depuis quelques temps déjà, qu'il n'a eu que quelques heures pour discuter un peu avec elle et que ses coéquipiers n'attendent peut-être pas ça de lui. Il ne s'est pourtant pas arrêté à imiter la position pot de fleur des coachs au Major et a joué sur des points plus instantanés comme la motivation ou les pauses dans les moments chauds. Finaliste des IEM Katowice il y a deux ans, finaliste du dernier Major, et peut-être vainqueur de ces IEM en tant que coach en plein milieu de sa carrière de joueur : cela aurait quand même de la gueule pour AMANEK.

Le truc, c'est qu'AMANEK a parfois pris des pauses alors qu'on ne pensait pas en avoir besoin, mais qui au final nous ont fait du bien pour nous calmer. Nous, on voulait continuer à jouer, mais c'était quand même une bonne chose de pouvoir se calmer, comme je le disais, parce que lorsqu'on pouvait se concentrer sur notre propre plan, tout se passait bien. Donc quand il a pris une pause, on pouvait vraiment respirer, se repasser le round du début à la fin et clore le side. Aleksib, dans son interview avec HLTV.

m0NESY, première scène et premier trophée ?

Tout juste âgé de 16 ans, m0NESY est pourtant attendu depuis longtemps par le public. Forcément, en intégrant la FPL à 14 ans, puis les projets académiques de NAVI, le tout en ayant la charge de l'AWP et en l'utilisant dans un style très explosif et dynamique rappelant un certain s1mple, le jeune Ilya Osipov a attiré les regards sur lui.

En passant dans le grand bain sur un transfert estimé à plusieurs centaines de milliers de dollars, le sniper est tout simplement devenu l'attraction de ce début d'année, le joueur à regarder avec le retour des matchs officiels. Alors que certains appelaient à la patience, m0NESY a tout simplement fait l'étalage de tout son talent face à certaines des meilleures équipes au monde actuellement. Auriez-vous imaginé un instant qu'il serait capable, déjà, de mettre 45 kills à Virtus.pro pour sa première carte sur une grande scène ? À Katowice en plus ! N'auriez-vous pas rigolé si nous vous avions dit, il y a quelques jours, que m0NESY allait rentrer un clutch 1v3 face à NAVI, toujours sur scène, en terminant par un kill sur s1mple que la majorité des gens n'ont vu que sur le killfeed ? Bref, il répond plus que présent et il a l'occasion de remporter son premier trophée pour son premier grand événement. 

jks, stand-in de qualité

Sans équipe depuis novembre 2021 après une année individuelle bien éloignée des performances qu'on lui connaissait, jks n'avait sûrement pas prévu de se retrouver aujourd'hui en finale des IEM Katowice. Peut-être ne prévoyait-il même pas de les regarder. Et pourtant, le voilà à quelques heures d'affronter G2 avec FaZe dans cette Spodek Arena où il fait bon d'entendre du public.

Initialement appelé pour remplacer un ropz positif au Covid-19 pendant le Play-In, jks a finalement repris une place dans le cinq pour ces playoffs suite au test positif de rain. S'il n'est pas toujours facile de répondre présent en tant que stand-in, l'Australien apporte une réelle plus-value à FaZe. Deuxième au rating de l'équipe derrière broky, il est également le meilleur ouvreur des six équipes des playoffs, devant s1mple ! À la fin de cette finale, FaZe pourra peut-être s'ajouter à la liste de ces équipes qui ont réussi à gagner avec un stand-in. Et karrigan prouver un peu plus qu'il est l'homme qui réussit les intégrations à la dernière minute.