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ESL One Cologne : Les enseignements

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L'ESL One Cologne désormais terminé, la saison lan arrive également à son terme pour la majorité des équipes du gratin mondial. L'occasion pour nous de revenir sur cet événement que la planète CS:GO attendaient impatiemment depuis des mois. Plus que jamais, des leçons peuvent être tirées de cette compétition pour le meilleur comme pour le pire. 

Les Ninjas in Pyjamas sont immortels

La meilleure équipe de l'histoire du jeu, auteur d'une série d'invincibilité de 87 cartes en lan, gagnante de plus de 400 000 $ de prizepool en moins de deux ans, ne pouvait pas s'éteindre avant d'avoir remporté ce qui reste pour le moment, le trophée ultime. Et pourtant, à l'approche de ce troisième événement majeur, les indicateurs n'étaient clairement pas favorables aux hommes de Xizt. Une première dans l'histoire du jeu loin d'être liée au simple hasard puisque NiP était, de manière factuelle, dans la période la plus difficile de son parcours sur CS:GO. 

Deux fois en dehors du top 4 lors de deux événements d'envergure, les finales ESEA XVI et la Gfinity 3, en l'espace d'un mois et demi, le nombre de sceptiques concernant l'état de forme de cette équipe grandissait à vu d'oeil. Sauf que, comme souligné dans notre preview, Ninjas in Pyjamas est la meilleure équipe du monde au moment de remporter un match complexe et décisif. 


Plus que jamais sous le feu des projecteurs

Bien que bousculés en poule par Epsilon, les NiP ont finalement connu trois scénarios similaires dans les trois matchs finaux qui ont mené vers leur triomphe. Menés sur le plan individuel par Cloud9 et LDLC, les Suédois ont, dans les deux cas, lourdement encaissé la première carte en faisant maigre impression. Puis, sur les deux cartes suivantes, les NiP ont su s'adapter remportant les rounds clés et cassant très rapidement les débuts de dynamiques adverses. Une caractéristique qui revient aussi durant la grande finale et qui a sans doute permis la remontée finale sur Inferno. 

Ninjas in Pyjamas a puisé sa force dans sa gestion quasiment parfaite des seconds sides. Rien de cela n'aurait sans doute été possible sans la montée en puissance du meilleur joueur du monde, GeT_RiGhT passé d'une moyenne de 0.79 de ratio en phase de poules à 1.27 en phase finale. 

Avec l'ajout de pita dans le rôle de coach, le cas Fifflaren devient épineux. Pourtant et paradoxalement, un éventuel départ ou remerciement de ce dernier sera bien sûr largement retardé avec cette consécration. Ses très faibles statistiques durant cette compétition donne encore plus de crédits à la victoire finale de son équipe qui encore une fois va réussir à taire tous ses détracteurs. Le slogan officieux de cette équipe que l'on entend depuis plus d'un an et demi est plus que jamais d'actualité : Pourquoi changer tant que l'on gagne ? 

Titan et les BO1, une histoire d'amour est née

On le sait, dans leurs différentes interviews, les joueurs de chez Titan ont milité et militeront encore pour une phase de poules en BO3 dans les compétitions majeures. Si cela peut mériter d'être débattu, il en reste que les coéquipiers de NBK ont connu la plus grosse désillusion de leur carrière. Si à Katowice, leur sortie dès les poules pouvait paraître comme un échec, leur élimination prématurée à Cologne a dû être encore plus mal vécu. 

Déjà parce que forcément, c'est la deuxième mais en plus car un semblant de dynamique semblait pointer le bout de son nez du côté de la gaminghouse bruxelloise après une belle seconde place à la Gfinity 3. Mais cette dynamique s'est avérée trop faible sûrement bouffée par des problèmes de confiance ancrés depuis maintenant quelques mois. 

Tout avait pourtant bien commencé pour ceux qui menaient 11-4 au changement de side puis 15-10 face à Cloud9 au premier tour. Puis, la descente aux enfers a commencé. Les Franco-Belges sont retombés dans leurs travers perdant ce fameux 2vs4, fatal. Cette défaite face à Cloud9, malgré les messages post-match se voulant rassurant de leur part, avait semble-t-il d'ores et déjà scellé l'avenir de Titan dans ce tournoi. Nous ne parlerons pas du match contre Dignitas qui a sans doute été d'une atrocité pour Ex6TenZ et ses compagnons. 


Du temps, les Titan en ont un peu trop pour leurs fans

C'est donc la deuxième fois que Titan ne sort pas des poules d'un tournoi majeur. L'avenir nous dira désormais si c'est la goutte d'eau qui fera déborder le vase pour certains dont Ex6TenZ, le capitaine emblématique qui n'a plus communiqué sur le moindre réseau social depuis le 15 août. Si celui qui a publiquement officialisé sa volonté de continuer CS:GO pour la saison à venir, a également affirmé qu'il ne souhaitait pas mettre un terme à sa carrière sur une contre-performance. 

Titan a montré à la Gfinity qu'il était capable de battre les meilleures équipes du monde en BO3. Titan reste un concurrent sérieux dans la hiérarchie européenne et il est vrai que les résultats en BO1 ne peuvent pas être mis à la même hauteur que ceux réalisés en BO3. Néanmoins cela reste une étape obligatoire et si les joueurs continuent d'évoluer ensemble chez Titan, ce ne sera pas tant le côté stratégique ou individuel qu'il faudra travailler mais surtout la dimension mentale. CS:GO arrive désormais à de tels enjeux que la compétition nécessite un mental d'acier. On a pu observer les Ninjas in Pyjamas s'entretenir avec des professionnels de la psychologie sportive. Ne serait-ce pas une piste à suivre pour les Titan ? 

LDLC et Fnatic agrandissent le haut du panier européen

Tout le monde rêve d'y accéder un jour ou l'autre, le haut du panier européen est cette petite cordée d'équipes qui ont toutes le potentiel pour remporter un grand événement européen. Un cercle réduit à seulement cinq/six équipes dans lequel LDLC et Fnatic viennent de confirmer leur place. Les premiers sont sur une très belle lancée depuis leur formation en février. Top 5/8 aux EMS One Katowice, demi-finalistes de la Copenhagen Games puis vainqueurs de la DreamHack Valencia et enfin, une nouvelle fois demi-finalistes de l'ESL One Cologne, les coéquipiers de Happy connaissent une évolution qui parait stable, saine, logique et méritée. 

Loin d'être fébriles en BO1, les Franco-Suisses ont facilement pris la première place de leur groupe avant de prendre une revanche symbolique contre Virtus.Pro en quarts de finale. Après cette victoire sur les tenants du titre et vainqueurs de la Gfinity 3, les LDLC ont bien failli changer le cours de l'histoire en passant réellement à deux doigts d'éliminer Ninjas in Pyjamas en demi-finales. 

Beaucoup plus réguliers et stables que leurs rivaux nationaux de chez Titan, les LDLC font partie des valeurs sûres de la scène mondiale. Ils prouvent encore une fois qu'ils gagnent toujours lorsqu'ils sont favoris. Qui se souvient d'une équipe ayant surpris les LDLC ? Pour éviter des recherches inutiles  : cela ne s'est jamais passé. Des performances qui placent LDLC comme les actuels numéro uns français et cette prise de pouvoir risque de durer un petit moment s'ils continuent dans cette direction. Mention spéciale à apEX qui aurait certainement mérité le titre de MVP de l'événement si son équipe s'était qualifiée pour la grande finale. 


apEX a frolé un deuxième énorme exploit dans sa carrière

Côté Fnatic, les arrivées d'olofm et de KRiMZ ont pris tout leur sens à l'occasion de cette Gamescom. Critiqués après leur contre-performance à la DreamHack Summer, les Fnatic ont confirmé leur statut de sérieux prétendants aux podiums internationaux acquis à la Gfinity 3. Premiers de poule grâce à une belle remontée contre Virtus.Pro, les Fnatic ont successivement éliminé Natus Vincere et Dignitas, deux autres équipes de ce fameux haut du panier européen. 

Ayant fait une meilleure impression générale que Ninjas in Pyjamas, il était légitime de penser que Fnatic partait dans la position de favori dans cette ultime rencontre pour le titre. Et ce statut est devenu de plus en plus apparent lors des premiers rounds puis sur la seconde carte Cache. Les Fnatic ont ensuite lâché sur Inferno face à des NiP tout simplement plus forts. 

Il en a fallu de peu pour que Fnatic réalise le deuxième casse du siècle. Seconde équipe de l'histoire à avoir réussi à accéder à deux grandes finales de tournois majeurs, Fnatic est réellement de retour à un niveau qui était le sien lors de son triomphe à la DreamHack Winter avec comme seule différence, un sentiment d'une plus grande durabilité. En effet, la victoire de Fnatic à la DH Winter 2013 a été vécu par beaucoup comme un pic inatteignable une nouvelle fois. La donne a changé et la place de Fnatic dans ce haut du panier mondial n'est plus à questionner. 

Les Américains sont encore à la limite

En parlant surtout des Cloud9 puisque les iBUYPOWER ont pour la troisième fois consécutive quitté la compétition dès les poules en montrant un visage bien loin de celui affiché lors des deux dernières éditions des finales ESEA en territoire américain. Pourtant, le séjour de quinze jours en Europe avant cet événement était prometteur mais rien n'y a fait. Le problème est plus profond et est pour le coup assez énigmatique. 

Encore une fois, tous les espoirs se sont reposés sur les anciens compLexity désormais Cloud9. Et encore une fois, cette équipe emmenée par la superstar n0thing a donné des frissons à ses supporteurs. Premiers de la poule de la mort grâce à des victoires sur Titan et Dignitas, les coéquipiers de Semphis ont retrouvé leurs copains suédois de Ninjas in Pyjamas auxquels ils ont donné de sacrées sueurs froides. Cloud9 restera finalement l'équipe ayant le plus accroché Ninjas in Pyjamas du tournoi et ce n'est pas rien. 


Une belle marge de progression qui peut donner le sourire

Des regrets il y en aura comme toujours dans des cas où une équipe perd 14/16 sur les deux dernières cartes. Mais l'Amérique peut être fière de son équipe phare et devrait continuer à la supporter, presque de façon exagérée, aux prochains événements. 

Si Hiko est de retour à son plein potentiel et a été l'élément fort de Cloud9, l'espoir autour du Canadien, shroud s'est confirmé. La dernière recrue de cette équipe a été étincelant notamment contre Ninjas in Pyjamas. Ce dernier est la preuve vivante que derrière les deux mastodontes, le subtop américain est prometteur et de petites pépites attendent gentiment leur heure. Une perspective rafraîchissante pour une scène qui a tant besoin d'une compétitivité interne plus intense afin de pouvoir réellement prétendre à une victoire européenne. 

Epsilon et la frontière avec le BO3

Ce premier événement avec un shox aux totales commandes du navire, s'est soldé par un top 5/8 logique et révélateur. Redoutables en BO1, les Français ont fait parler la poudre dans leur poule écrasant HellRaisers avant de punir Ninjas in Pyjamas. Individuellement très forts à la sortie des poules, ils ont vite déchanté contre les Danois de Dignitas.

C'est simple, à aucun moment de leur quart de finale, ils n'ont eu, ne serait-ce qu'une occasion de prendre l'avantage psychologique sur la partie. Alors oui, Dignitas est un gros morceau mais ce n'est pas si surprenant de voir que ce quart de finale a été le moins passionnant de tous. En fait, Epsilon était sûrement l'équipe la plus faible de la phase finale et ce quart de finale nous permet de cadrer la frontière qui sépare le haut du panier mondial et Epsilon. GMX et ses coéquipiers restent en chasse mais devront encore beaucoup travailler pour espérer un jour atteindre un niveau leur permettant de prétendre au dernier carré de chaque compétition.


Encore plus de responsabilités pour shox

 

La prise en main de l'équipe par shox est-elle une piste d'amélioration ? C'est la grande question à laquelle les joueurs tenteront de répondre au prochain événement international. Si cette tâche n'influe pas sur son individualité, nul doute que l'expérience de shox pourrait être un atout considérable. 

Les meilleures équipes d'Europe ont préparé Overpass et Cobblestone

Bluffaient-elles ou s'étaient-elles vraiment investies dessus ? C'était la grande question au lancement du tournoi qui tournait autour des favoris. La réponse est désormais connue. A la vue de l'importance des nouvelles cartes et notamment Cobblestone dans les matchs décisifs, les meilleures équipes du tournoi étaient aussi celles qui les avaient les mieux préparées. Le meilleure exemple étant Ninjas in Pyjamas qui dans ses trois matchs de l'arbre, ont remporté, de façon limite, Cobblestone. Dont deux fois 16/14 alors que Cobblestone était la troisième carte du BO3.

Overpass et Cobblestone sont apparues comme des cartes favorables à la défense. Les deux raisons évoquées sont le manque logique de stratégies des terroristes et bien sûr le level design de la carte elle-même. Cobblestone, sous ses anciennes versions, était déjà une carte réputée CT. Overpass, malgré un gameplay différent orienté un peu plus sur la verticalité, semble suivre la même voie bien que, évidemment, il faudra beaucoup plus de matchs pour se rendre réellement compte de l'équilibrage de la carte. 

D'un point de vue spectateur, les gens ont semble-t-il apprécié voir ces deux cartes. Certains ont également critiqué le fait que de telles nouvelles cartes n'auraient pas dû être aussi décisives qu'elles l'ont été durant cette ESL One. Mais c'est justement dans ces moments-là que les équipes tirent le meilleur d'une carte et c'est d'ailleurs durant ces derniers que l'on a pu réellement apercevoir des stratégies et du stuff bien travaillé. 

Espérons désormais que les événements indépendants suivront le mouvement à commencer par l'ESWC afin de finaliser la démocratisation de ces deux cartes car elles ont du potentiel, c'est indéniable. 

Le planning de l'ESL One a été fatal pour certains

Cette remarque a deux sens. Tout d'abord, le public américain n'a évidemment pas apprécié être obligé de mettre le réveil au milieu de la nuit pour pouvoir observer les premiers matchs du matin, ici en Europe. Les organisateurs ont été néanmoins assez malins pour programmer les matchs des équipes américaines engagées en fin d'après-midi afin que la communauté américaine puisse apprécier le jeu de ses héros de façon raisonnable. Notons aussi que si l'on souhaite que CS:GO se mondialise, il y aura toujours une partie de la planète qui sera mécontente des horaires de certains matchs. League Of Legends et Dota 2 le prouvent tous les jours.


Toujours plus de viewers oui, mais à quel prix ?

Mais, le véritable problème de ce planning a eu bien plus d'impact sur le tournoi. Quand les organisateurs tentent de faire cohabiter le spectateur et le joueur. Parfois, des sacrifies dans un camp ou dans l'autre sont effectués et généralement, le parti sacrifié le fait savoir.

S'il est compréhensible que l'ESL ait façonné ce planning afin que les spectateurs puissent suivre un maximum de matchs, il a quasiment annulé toute chance de comeback en phase de poules. Ne jouer qu'un certain nombre de matchs par poule et par jour pose un gros problème de dynamique sur l'instant. Ici à Cologne, les équipes ayant perdu au premier tour se sont directement affrontées pour gagner leur place dans le match pour le lowseed en quarts tandis que les vainqueurs du premier tour ne se sont affrontés que le lendemain juste avant ce deuxième match qualificatif.

Counter-Strike est un jeu où la dynamique est très importante. Les perdants du match des vainqueurs en poule ont ainsi rencontré à chaud, les joueurs vainqueurs du match des perdants de la veille. Le constat est simple. Aucune équipe ayant perdu au premier tour n'a réussi à se qualifier. Si bien sûr la différence de niveau est un argument logique, ce planning particulier en est un également, à l'influence plus importante que l'on peut penser. 

   ESL One Cologne  DH Summer 2014  EMS One Katowice  DH Winter 2013
Equipe(s) qualifiée(s) pour les quarts en ayant perdu au premier tour 0 1 2 2

A la DreamHack Summer 2014, aux EMS One Katowice ou à la DreamHack Winter 2013, une poule était jouée intégralement le même jour. La différence est donc réelle et mérite d'être repensée pour les prochaines tournois majeurs. Savoir doser une bonne expérience d'un point de vue spectateur tout en respectant les conditions des joueurs est sûrement l'objectif le plus difficile pour les organisateurs. Derrière les 3 000 000 de téléspectateurs uniques qui ont regardé la compétition, il ne faut pas oublier les joueurs qui ont tant investi pour être compétitifs au moment venu. 

C'est tout pour cet ESL One Cologne, selon nos confrères de HLTV.org présents sur place, l'ESL serait visiblement déjà en train de discuter une éventuelle nouvelle édition avec les développeurs de Valve. A quatre mois de la fin d'année, il y a encore de la marge pour un troisième événement de cette envergure. Croisons les doigts !

ESL One Cologne : Les records

Photos : 99dmg.de, Titan.org, ESEANews.com

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