À quel moment as-tu commencé à tomber malade ? Tu en as parlé à l'équipe ?

  L'équipe est arrivée à Atlanta une semaine avant le début du tournoi. Deux ou trois jours avant de lancer la compétition, j'ai commencé à ressentir une pointe au niveau du haut du ventre. Je n'en ai pas parlé à l'équipe, car je pensais que ce n'était pas grave. La qualification était plus importante, on était au Major. Puis la compétition a débuté, et j'ai joué avec l'équipe le premier match contre Cloud9 que l'on a perdu. Ça n'allait pas trop mal, personne n'a rien remarqué. J'ai donc continué à ne pas en parler à l'équipe, car je ne voulais pas trouver une excuse pour notre défaite.

Le lendemain, mes coéquipiers ont commencé à s'apercevoir qu'il y avait un problème. Je n'en ai pas trop parlé, mais je sentais que quelque chose clochait. J'ai joué le second match contre Renegades, mais à ce moment-là je sentais que dans mon corps, quelque chose n'allait pas. En rentrant à l'hôtel, la soirée s'est très mal passée, je n'ai pas réussi à dormir de toute la nuit.

"Je sentais que dans mon corps, quelque chose n'allait pas"

Le lendemain, malgré ton état, tu décides tout de même de jouer. Comment te sens-tu durant ton match ?

  Lorsque le jour s'est levé, j'ai senti que j'étais vraiment dans le mal. J'avais énormément de mal à respirer et très peu de force physique : j'étais au bout du rouleau. Mais je voulais quand même essayer de jouer. En montant dans le bus de l'équipe, je n'arrivais presque plus à respirer, c'était la panique totale. Je ne pouvais plus cacher mon état.

Une fois arrivé aux studios du Major, j'ai réussi tant bien que mal à installer mon matériel. Le staff ELEAGUE m'a demandé si l'équipe souhaitait déclarer forfait ou me remplacer. J'ai répondu que non, je voulais continuer à donner le maximum pour mon équipe.

Lorsque le match contre Flash a commencé, je me sentais pas du tout au top. J'avais beaucoup de mal à respirer, je cherchais sans cesse de l'air. J'étais concentré en alternance sur deux choses : ma respiration, le jeu, ma respiration, le jeu... Tout le match s'est déroulé comme cela. J'ai pas trop mal joué, et on a fini par remporter la victoire. Mais après je n'en peux plus.

"Je n'arrivais presque plus à respirer"

À la fin du match, on m'a emmené directement à un centre de soins. Les médecins ont réalisé une radio, et après leur analyse, ils m'envoient rapidement aux urgences. J'y ai attendu douze heures sans savoir ce qu'il se passait, jusqu'à ce que je subisse une crise de 15 minutes où j'étais à deux doigts de ne plus pouvoir respirer. J'étais en détresse respiratoire. Le personnel médical m'a pris en charge et a réalisé plusieurs tests. On arrive enfin à diagnostiquer mon état, et on m'apprend que c'est un combo grippe et pneumonie. Les médecins m'ont dit : c'est terminé, ça s'arrête là le jeu.

"Les médecins m'ont dit : c'est terminé, ça s'arrête là le jeu"

L'équipe est donc dans l'obligation de te remplacer par maLeK, le coach de la formation, pour jouer le match contre Quantum Bellator Fire. As-tu suivi le match de ton équipe ?

  Oui, j'ai pu suivre la rencontre sur mon téléphone grâce au WiFi de l'hôpital. J'ai loupé le premier side car je récupérais, et je suis arrivé au score de 10-5 pour EnVyUs, et je me suis dit que c'était un bon début. Mais je connais quand même l'équipe, et quand j'ai vu les tatamis qu'ils se prenaient en CT, je me suis dit que ça allait être difficile. Ils se faisaient vraiment éclater sec. L'équipe des QBF a appuyé son jeu sur l'appart', là où jouait maLeK, pour finalement gagner le match.

Durant ce match, est-ce que maLeK a essayé de reprendre ton rôle et tes positions ?

  Oui, à quelques détails près. Mais en CT, maLeK a joué l'appart' d'une façon particulière, où il a été tué plusieurs fois. L'équipe adverse a vraiment forcé sur sa position, mais il a fait son maximum et on ne peut en vouloir à personne. Il y a peut-être eu un manque d'adaptation de notre équipe, car se laisser exploiter comme ça pendant 15 rounds, ça commence à faire mal... C'est dommage parce que c'était bien parti.

"QBF a appuyé son jeu sur l'appart, là où jouait maLeK"

Aujourd'hui, où en est ton état de santé ?

  En arrivant à l'hôpital, les médecins ont passé trois jours à soigner la grippe, où j'étais sous oxygène. Et maintenant ils commencent à soigner la pneumonie. Ils me disent que la pneumonie est grave, que c'est du solide. Ils m'ont installé un drain dans le dos pour extraire le liquide de mes poumons. Des complications sont apparues avec le drain, et je dois rester une semaine de plus à l'hôpital. A partir de là, on me dit que ça devrait aller.

Si aucun autre problème n'apparaît d'ici là, il m'aura fallu entre deux et trois semaines d'hospitalisation pour m'en remettre.

"Entre deux et trois semaines d'hospitalisation"

Tu es hospitalisé très loin de France. As-tu reçu des messages de soutien de ton entourage ?

  Oui j'en ai reçu énormément ! Ma famille, mais aussi de la part des joueurs et de la communauté. Ça me touche profondément, ça me fait vraiment plaisir. Je sens que les gens sont affectés par ce qu'il m'arrive. Mon équipe m'a également rendu visite, mais aussi l'équipe des G2. La structure EnVyUs a également pris l'initiative de faire venir mes parents à Atlanta pour être à mes côtés. Ça va vraiment m'aider de voir mes parents.

Le staff EnVyUs me soutient dans tout ce qui m'arrive. Mais là, ca devrait être bon, on a commencé à voir la lueur du jour.

Souhaites-tu adresser des remerciements ?

  Je remercie vraiment tout le monde, tout ce soutien de la communauté et des joueurs. Ça fait vraiment plaisir, surtout quand on va si mal. Sans oublier ma copine qui a marqué le canapé de l'hôpital pour rester à mon chevet. Mais ne vous inquiétez pas, ça devrait bientôt aller mieux et le Tank sera de retour.