Voilà, c’est fini. Le suspense n’était pas bien grand après ces derniers mois d’inactivité, mais il était temps d’officialiser tout ça : VaKarM s’arrête là, un peu plus de 18 ans après le premier article posté sur le site.

Cette fin s’explique par une raison très simple : il n’y a plus personne pour faire tourner la boutique. L’activité quotidienne de VaKarM a toujours reposé sur un tout petit noyau de bénévoles extrêmement motivés, prêts à donner leurs soirées, leurs week-ends et parfois un peu plus pour publier des news, remplir le scoreboard et partir en coverage. Ce schéma a permis à VaKarM de fonctionner pendant quasiment deux décennies. Mais aujourd’hui, il ne convient plus. Les dernières personnes actives se sont lassées et, cette fois, personne n’est là pour les remplacer.

À cela s’ajoute notre incapacité chronique à sortir une version plus récente du site. La V5 sera devenu un running gag, fruit de notre organisation désastreuse sur ce projet, de notre manque de compétences en interne et de l’absence d’une ou plusieurs personnes qualifiées prêtes à s’engager corps et âme dans cette refonte jusqu’à ce qu’elle aboutisse.

Est-ce qu’une nouvelle version du site aurait suffi à réattirer du monde et à renouveler le staff ? On ne le saura jamais, même s’il est difficile d’imaginer pouvoir relancer une nouvelle dynamique sans une vitrine un peu plus au goût du jour.

Ce qui est certain, c’est qu’à l’heure de la professionnalisation confirmée de l’esport, un site bénévole au design inchangé depuis 2012 était une anomalie totale. Nous avons poussé l’anachronie aussi loin que possible, mais nous avons apparemment atteint nos limites aujourd’hui.

VaKarM en 2013, VaKarM maintenant : la même chose. Pas dingo comme évolution.

L’on pourrait s’épancher en regrets pendant longtemps ; essayons plutôt de terminer sur une note positive.

Toutes ces années, VaKarM a été un pilier de l'écosystème français de Counter-Strike. Ce site a été un lieu d’accueil pour toute une communauté qui a commenté, débattu, insulté, vécu les plus belles heures comme les pires marasmes de notre scène nationale.

VaKarM a connu l’évolution de Counter-Strike, de Source à CS2 en passant par Global Offensive, de la mise à jour de l’Orange Box à celle de la quatrième version de Dust2, des skins au free-to-play, de l’AWP nerfé au MR12, des équipes nationales aux mix cosmopolites, des lans françaises à foison à leur drastique réduction, de notre scène nationale dominant le monde à sa lente décrépitude. VaKarM était là quand RpK claquait des 1vs3 en finale de la Maxlan 2009 dans l’anonymat d’un centre des congrès à Épinal, et VaKarM était toujours là quatorze ans plus tard quand ce même RpK recevait l’acclamation de milliers de supporters à Bercy lors du BLAST Paris Major.

Le staff a publié des milliers d’articles, réalisé des milliers de vidéos, streamé des milliers d’heures, pris des milliers de photos, mis à jour le score de dizaines de milliers de matchs. Il est allé dans la France profonde et à l’autre bout du globe pour couvrir les différentes compétitions de la scène, a interviewé des centaines de joueurs, analysé ce jeu et son histoire comme personne d’autre. Combien de jours de congés et de RTT ont été dépensés pour faire vivre VaKarM ?

Des tonnes d’idées ont été mises sur le tapis, et si beaucoup ont fini par être avortées, d’autres ont bel et bien vu le jour.

La webtv a été un fantastique terrain de jeux et a permis à VaKarM d'être précurseur sur de nombreuses choses : les studios physiques pour couvrir les grands événements, les replays à une époque où même les streams officiels ne les proposaient pas toujours, les émissions post-événements et de débats où les plus grands joueurs de la scène tricolore venaient intervenir...

Il y eut aussi les VaKarM Awards, les movies de lans, les bus Cologne, la fameuse map du Jeudi oui pour jouer à Questions pour un champion, et même une entrée à la Bibliothèque nationale de France grâce au magazine papier.

VaKarM n'est pas exempt de reproches ; personne ne peut cependant nier la quantité colossale de travail abattu par un staff qui n'a jamais abandonné son statut bénévole et a toujours tenté de faire le pas de côté pour montrer, raconter, partager différemment de ce que tout le monde faisait.

VaKarM n'est jamais monté dans le train de la professionnalisation, mais le prix du billet était beaucoup trop cher. Personne ne voulait voir de machines à sous virtuelles en background du site ou de "VaKarM Awards by 1xbet". Personne.

C'est aussi cette non-professionnalisation qui nous a permis de créer, d'imaginer et d'essayer autant de choses. Il n'y avait quasiment pas d'enjeux économiques derrière toutes ces idées, pas de "ça ne va pas être rentable", pas de risque financier susceptible de freiner tant de belles initiatives. Tout a été fait parce qu'on était libre. Parce qu'on avait envie. Parce que c'était possible.

Dire que rien n'aurait existé sans cette petite boîte

Ce lancer de fleurs terminé, peut-être est-il temps de conclure par quelques remerciements.

Merci à tous les joueurs et joueuses de Counter-Strike, pour la passion et les émotions.

Merci aux francophones d’avoir été aussi forts sur Source et de nous avoir donné deux (disons deux et demi avec Vitality à Paris) Majors sur Global Offensive. Merci pour les interviews et les VaKarM box.

Merci aux organisateurs de lans de nous avoir accueilli et d’avoir permis à tant d’histoires de voir le jour.

Merci à tous les membres du staff d’avoir participé à cette fabuleuse épopée que fut VaKarM, que vous ayez donné une ou des milliers d’heures, que vous soyez resté trois jours ou onze années. Ce fut parfois compliqué et il n’y eut pas que des hauts, loin de là, comme dans toute aventure humaine ; mais il y eut aussi des rencontres, des voyages, des MM endiablés et du talent à foison pour mener à bien des tas de projets. VaKarM aurait pu fermer il y a bien longtemps mais il y a toujours eu une, deux, trois personnes pour ne pas lâcher, pour continuer de suivre l'histoire de Counter-Strike en France. Soyons fiers d’avoir tenu jusqu’ici.

Et enfin merci à vous, lecteurs, d’être restés fidèles aussi longtemps à un site désormais bien vieux. Merci d’avoir fait vivre VaKarM, de nous avoir félicités, encouragés, poussés à nous remettre en question. Nous avons essayé de faire du mieux possible et d’être toujours honnêtes avec vous, en ne vous prenant pas pour des neuneus.

Il nous reste quelques questions techniques à régler pour faire en sorte que le site reste accessible le plus longtemps possible en utilisant les fonds restants de l’association. Dans quelques semaines, quelques mois, il deviendra toutefois figé : si vous voulez poster un dernier commentaire, c’est donc le moment ou jamais !

Allez, il est temps d’éteindre la lumière. C’est la fin de VaKarM. Salut, Counter-Strike.

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Générique de fin

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