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RMR Paris : le bilan européen
Définir le RMR qui vient de se clore est à proprement parler impossible : il a été tout ce qu’on attendait de lui, c’est justement cela qui l’a rendu autant insondable. Il n’a rien manqué à ce tournoi pour qu’il soit considéré comme un moment fort de l’année 2023. Des upsets assez fous, des comeback, des one action, et évidemment des désillusions. Petit retour sur cette qualification pour le Major parisien qui a tenu en haleine toute la scène CS:GO pendant deux semaines.
Les qualifiés au Legends Stage : des grands favoris accompagnés de petits poucets
Trois équipes attendues, quatre dont beaucoup doutaient sur ne serait-ce qu’une qualification, voilà un Legends Stage déjà bien étrange. Côté cadors, on retrouve les éternels NAVI, qui maintiennent leur ratio de 100% de présence en Major depuis le début du jeu à l’issue d’un parcours quasi irréprochable. Heroic a également assuré le coup sans accroc, montrant une fois de plus la régularité à rude épreuve de ce cinq. Enfin, Vitality s’est aussi assurée un Legends Stage, mais en se faisant surprendre par les polonais de 91INE. Il a fallu deux bo3 supplémentaires aux abeilles, contre G2 et Monte, pour conclure sur une bonne note un RMR encourageant, mais qui ne tarit pas toutes les inquiétudes.
1,45 de rating pour sjuush en 4 maps, 1,20 de rating moyen pour son équipe, Heroic a été solide comme un roc
Du côté des quatre autres équipes moins attendues, celle qui surprend le moins est sans doute fnatic. Épargnée par la mauvaise fortune, elle a eu un chemin bien pavé vers le Legends Stage (Viper, 1WIN et B8, classement HLTV moyen : 53e). Les Bad News Eagles n’étonnent plus tellement, tant à chaque Major ils répondent présent. Ils ont cependant concédé une défaite contre 1WIN en ouverture, pour finir par un sans faute, avec un 2-0 sec contre FaZe en prime.
Les deux derniers noms sont par contre des énormes surprises. Into the Breach, un roster à dominante britannique, une scène qu’on n'attendait plus à de tels sommets, s'est notamment payée Virtus.pro, après avoir déjà fait une grosse frayeur à NAVI en bo1. Mais ceux qui ont fait la plus forte impression, ce sont évidemment les Polonais de 9INE. Classés 35e sur HLTV, ils ont dominé comme des patrons le RMR B. 16-14 contre G2, 19-15 contre BIG puis un 2-0 autoritaire contre Vitality, il n’y a rien à dire sur le mérite de ce roster qui montait en puissance sur le net à être au Legends Stage.
"The boys are legends, with or without this win"
- @DevilwalkCSGOD after @_badnewseagles' win ???? pic.twitter.com/TvPY6n0TYK
— BLAST.tv (@BLASTtv) April 9, 2023
Nos challengers européeens : la foire aux nouveaux
Si on regarde bien, il n’y a que deux équipes Challengers qui étaient à Rio : GamerLegion et NIP. De quoi voir des noms plus ou moins nouveaux, chacun avec un parcours très différent.
D’abord, G2, OG et NIP ont évité la catastrophe industrielle. Les hommes d’HooXi n’ont que perdu contre le boulet de canon 9INE. Aleksib a évité une énième désillusion au forceps, sortant en bo3 Astralis et BIG, et laissant enfin une lueur d’espoir sur cette itération de NIP. Dans le RMR A, OG ont dû comeback d'un 0-2 pour finir en 3-2, ce qui ne dissipe pas les doutes sur le roster (toujours amputé de son leader nexa) mais permet au moins à OG d’aller à son deuxième Major après Rio.
Chez les organisations plus habituées à l’ESL Premier qu’à la Pro League, on retrouve GamerLegion, qui n’a pas eu besoin des mêmes upsets de folie pour se qualifier dans un RMR A assez faible. Aux côtés de la troupe de Keoz se trouve également Apeks, qui voit enfin ses investissements concrétisés après avoir dominé Sprout et B8 dans les bo3 finaux. FORZE est également de la fête : souvent reléguée au second rang de la région CIS, elle a évité le piège Aurora après avoir surpris ENCE puis NIP en bo1, confirmant une bonne lancée depuis 2023.
Le dernier Challenger est un nom moins connu. Il s’agit de l’étonnante équipe de Monte, à la majorité ukrainienne mais accompagné du très jeune BOROS, jordanien, et le polonais kRaSnaL. Et ils ne sont pas passés loin du Legends Stage, leurs deux seules défaites étant contre Heroic et Vitality. Les compagnons de l’ancien NAVI sdy ont été très proches d’égaler la performance de 9INE.
Des Contenders attendus au major, mais pas aussi bas
MOUZ, ENCE et FaZe Clan, trois représentants qu’on attendait au Major, y sont parvenus plus de difficultés que prévu. ENCE semblait pourtant sur le chemin du désastre, perdant en ouverture contre Monte puis FORZE. Mais cette équipe s’est toujours démarquée comme étant imprévisible, et le RMR l’a confirmé : avec deux victoires sèches contre iNation et 500, puis un clutch inattendu contre C9, bien aidé par une perf monumentale de NertZ.
Avec ses 1.25 de rating, sh1ro fut une étoile sur ce match, mais NertZ était un soleil encore plus brillant
MOUZ a aussi connu un parcours des plus instables, perdant en entrée contre B8 puis Falcons en bo1. Elle a su relever la tête quand il le fallait, tout ceci en étant opposé aux pires adversaires possibles au stade du 1-2 et du 2-2 : Virtus.pro et Faze Clan. Autre point commun avec ENCE, c’est également un Israélien qui a porté le collectif de dexter jusqu’à la victoire : xertioN, qui signe 1,29 de rating sur l’event.
Enfin, l’ultime représentant européen, FaZe Clan, a acquis son ticket au bout du suspense. Pourtant, le cinq international par excellence sort d’une Pro League remportée : on s'attendait un passage tranquille dans ce RMR A ouvert. Il n’en fût rien. Si sa défaite contre NAVI n’est pas une surprise en soit, le 0-2 contre BNE est impardonnable, et derrière, contre MOUZ, FaZe n’a pas tenu son rang.
Le tout nouveau Last Chance Qualifier, où se trouvent tous les ressortissants en 2-3, est venu sauver karrigan et ses soldats. Certes, il s’y trouvait BIG et C9, mais FaZe s'est défaite tranquillement d’Aurora puis, alors que C9 semblait dominer le match décisif et prendre sa revanche de la Pro League, Faze a fait du Faze, comeback un déficit de neuf rounds sur Mirage, pour remporter la map puis le bo.
Les confettis maltais de karrigan ont porté ses hommes à Paris, signe aussi de l'ascendant mental de FaZe sur C9
Les malheureux éliminés : l'autre revers des upsets
Si jusque ici nous avons vu les histoires qui se finissent bien, cette dernière partie va être beaucoup plus triste. On a vu de nombreux upsets, mais le penchant inverse de ça, c’est les déceptions. Vu les équipes qualifiées, tout le monde à ces RMR aurait pu décrocher sa qualification, mais il fallait nécessairement des malheureux.
Du côté des équipes qui étaient les moins pressenties, ni Viperio, ni iNation n’ont réussi à surprendre qui que ce soit. SAW et Spirit ont laissé passé leur chance de vraiment lancer leur RMR, tandis que 500, 1WIN et Sprout ont globalement été au niveau attendu. Aurora et B8 pourront nourrir des regrets : même si le LCQ était clairement hors d’atteinte, il s’en sera fallu d’un bo3 perdu contre une équipe de leur calibre pour stopper tout espoir.
Falcons peut tirer à peu près le même bilan. À 2-1 contre GamerLegion, alors qu’ils menaient 14-10 sur Overpass, en CT, sur leur choix de map, les Français ont craqué. La suite, on a la connaît, défaite 2-1 contre Keoz qui, décidément, est bien meilleur en dehors de la francophonie ; défaite contre OG, puis contre BIG. L'impressionnant tournoi de bodyy (1,24 de rating) n’aura pas suffi. Eternal Fire conclut cette liste d’équipes proches de la qualification mais trop courtes dans les matches importants.
Pas de belle histoire pour kennyS et Falcons : il n'y aura pas d'équipe française à Paris
Du côté des gros noms, plusieurs équipes majeures vont louper le dernier Major de CS:GO. Astralis d’abord, qui certes était tout sauf rassurante à l’aube du RMR, mais qu’on aurait clairement attendu au clutch. Malheureusement pour les amoureux de dev1ce, les deux défaites d’entrée en bo1 ont placé les Danois dos au mur, et ce n’est pas le lead de gla1ve cioncé en 2019 qui aurait pu les sortir de ce bourbier.
Ensuite, une non qualification moins médiatisée mais tout aussi surprenante : BIG. Certes, les Allemands ne sont pas en grande forme et semblent avoir depuis un an touché un plafond de verre. Mais cela n’empêche qu’on les aurait attendu à Paris, parce qu’ils ont de grosses individualités et un jeu assez direct, qui est souvent bien adapté aux plus petites équipes.
Enfin, il y a deux absents complètement surréalistes. Virtus.pro déjà, tenante du titre, inaugure la sensation pour un vainqueur de Major de ne pas se qualifier au prochain, une première sur CS:GO. Le coup de poker : le retour de n0rb3r7 à la place de KaiR0N-, pourtant pas si mauvais, en pleine qualification. Une surprise tactique qui masque mal un naufrage managérial : le roster a pris l’eau. Et il n’a même pas osé se pointer aux IEM Rio qui arrivent. S’il y a bien une équipe qui est sur le radeau de la méduse après ce RMR, c’est eux.
Dans une dynamique similaire, leurs voisins de Cloud9 signent eux aussi un triste record, celui du plus haut classé HLTV qui rate un major : 5ème. La crise est assez proche de celle d’Astralis : le lead de nafany n’a tout simplement pas fonctionné, et s’est ajouté à cela un craquage mental devenu une marque funeste de fabrique de ce roster lors des matchs couperets. Ces deux défauts majeurs ont culminé contre FaZe, habituée aux situations do-or-die, où C9 s’est écroulé en terro sur Mirage, malgré une paire sh1ro-Ax1Le très affûtée.