kennyS

Salut Kenny, pendant tes derniers mois avec Titan, on t’a senti un peu en dessous de ton niveau potentiel. Or, depuis que tu as rejoint EnVyUs, c’est à nouveau un kennyS des grands jours que l’on redécouvre (si on fait exception de la MLG Columbus), plus incisif, plus régulier… Qu’est-ce qui a changé de ton côté depuis cette période ? As-tu juste remis un coup d’accélérateur au niveau de ton entraînement personnel ? Est-ce qu’il a fallu que tu te remettes en question au niveau de ton jeu ?

kennyS : J'ai une question qui me revient souvent : "A quand le Kenny de 2014 ?". Il faut savoir qu'à l'époque j'étais un autre joueur, et je ne regrette rien. Certes j'ai eu une période plus difficile individuellement parlant, mais cela m'a beaucoup appris et j'ai réglé l'un de mes plus gros défauts, je suis aujourd'hui plus fort mentalement. Évidemment je ne suis pas un joueur parfait et on me reproche souvent mon manque de rigueur, donc de manquer entre autres d'entraînement, ce n'est pas toujours facile d'être à 100% même si j'ai la vie dont j'ai toujours rêvé. 

Quant à mon changement en arrivant chez EnVyUs, il s'explique tout simplement par un très gros boost de motivation, et être dans une équipe qui gagne, c'est toujours plus simple. Comme j'ai l'habitude de le dire en ce qui me concerne, CS est beaucoup relié à la confiance. En tant que sniper, il suffit que mes prises d'initiatives se concrétisent pour que j'engrange de la confiance. Effectivement, durant ces mois difficiles, j'ai dû me résigner à me dire que celui que j'étais ne reviendrait jamais, mon style de jeu était également assez prévisible. A mon arrivée chez nV, j'ai dû m'adapter à un style de jeu plus passif, ce qui n'est pas dans mes habitudes et malgré tout cela m'a été bénéfique car j'ai progressé à ce sujet, même si ça ne reste toujours pas mon point fort.

Enfin, pour répondre à la question, je pense que pour exploiter mon plein potentiel, il me faut une rigueur sans aucun écart, chose à laquelle j'avoue faire des efforts, mais seulement de manière périodique. A mon avis, il n'y a pas de recette miracle en tout cas.

Pour le premier major en terre américaine, l’aventure s’est plutôt mal passée avec EnVyUs, mais tu as eu l’occasion de découvrir la scène de la Nationwide Arena grâce au All-Star Game. Le public américain était-il plus impressionnant que celui de Cologne avec la présence des supporters du bus VaKarM ?

kennyS : En effet, le major était une déception et en tant que joueur ce qui nous pousse le plus à être performant c'est de pouvoir faire des apparitions sur des scènes telles que Cologne, Columbus etc. Les frissons, l'adrénaline et la pression sont des sentiments qu'on adore, c'est pour cela qu'on joue. 

En ce qui concerne la différence entre les deux stades, j'ai pu expérimenter Cologne plus d'une fois à l'instar de Columbus et honnêtement c'était incomparable.

A l’issue de la MLG Columbus, GuardiaN et olofmeister avaient annoncé être blessés depuis un moment. Si le sniper slovaque s’est vite remis de sa blessure au poignet, cela n’a pas été le cas du Suédois qui vient tout juste de revenir aux affaires. As-tu déjà eu affaire à ce type de blessure dû au jeu par le passé ? As-tu des astuces pour les éviter comme des échauffements par exemple ? Possédez-vous une clause ou quelque chose comme ça dans vos contrats vous empêchant de pratiquer certains sports jugés dangereux tels que le ski ?

kennyS : Je donne mon avis sans réelles preuves, mais je pense que pour certains joueurs c'est un prétexte pour justifier leur méforme ou mauvaise performance, je n'inclus pas tout le monde.

Quant à moi, j'ai ressenti une douleur assez gênante durant 1 semaine, mais elle est disparue assez vite donc j'en ai pas tenu compte. Il doit surement exister des échauffements et c'est sûrement très conseillé par rapport à ce que nous faisons, mais pour le moment nous ne nous échauffons pas. Pour ce qui est des clauses concernant mon contrat, je ne suis pas totalement sûr donc je ne peux pas en dire grand-chose.

DEVIL

Hello DEVIL, il y a quasiment quatre mois désormais, tu rejoignais EnVyUs à la surprise générale. Après plus d’un an de collaboration avec Team-LDLC, te voilà dans la cour des grands où tu côtoies désormais régulièrement des légendes du jeu. Tout d’abord, comment s’est passée la séparation avec LDLC ?

DEVIL : Hello, la séparation avec LDLC s'est très bien passée car on avait déjà parlé ensemble sur le fait d'un potentiel pick et on était assez proche pour ne pas se prendre la tête après cela.

Dès l’annonce de ton arrivée au sein d’EnVyUs, tu as dû directement rentrer dans le vif du sujet avec un bon nombre de matchs importants à jouer, que cela soit en ligne ou en LAN. Malheureusement, pour une bonne partie de la communauté, tes performances n’ont pour le moment jamais été à la hauteur de leurs attentes. Pour ta défense, tu as dû changer tes habitudes de jeu au début afin de pouvoir remplacer kioShiMa poste pour poste. Comment as-tu vécu ce changement de rôle toi qui avait un peu l’habitude d’être la « star » de l’équipe ?

DEVIL : J'ai assez mal vécu ce nouveau rôle, car je n'étais pas d'accord sur certaines choses et que je n'étais pas habitué à "ne pas avoir de kills faciles". Dans ce rôle, les gens ne le voit pas sur un stream mais c'est toi qui, par exemple, en CT, va prendre la première ligne et te battre pour que ton pote soit bien ou dans un autre cas jeter des flashs et ne plus rien avoir pour toi à la fin. Pour la première fois j'ai voulu changer ma sensibilité etc... mais j'ai réussi à prendre du recul, j'ai parlé avec Nathan car c'était son ancien rôle et maintenant je le vis bien.

Dans une interview d’hastr0 réalisée par Monster, nous l’avons vu dire qu’après la MLG Columbus vous alliez mettre en place des « mini-bootcamps » où tu serais chez toi en compagnie d’un de tes coéquipiers afin que vous ayez une meilleure cohésion au fil du temps. Est-ce que ce projet a bien été mis en place et qu’est-ce que cela a pu t’apporter concrètement ?

DEVIL : Pour ce projet, je suis juste allé chez Dan pendant une semaine, cela a surtout permis de nous rapprocher et régler les quelques problèmes qu'on avait entre nous.

A ton arrivée, NBK était le leader in-game de l’équipe puis Happy avait repris ce rôle quelques jours avant la MLG Columbus. Aujourd’hui, c’est toi qui porte ce fardeau depuis la qualification offline pour l’ESL One Cologne, ce qui nous a permis de voir quelques calls à base de MAC-10 par exemple sur Cobblestone. Bien que tu aies déjà endossé ce rôle en compagnie de matHEND chez Team-LDLC White, n’est-il pas trop compliqué pour toi qui débarque plus ou moins à ce niveau de devoir gérer quatre joueurs de la trempe de tes coéquipiers ?

DEVIL : Au début, j'ai pensé que ça allait être compliqué car j'avais un lead de coupe sur un jeu lent et au final pour l'instant tout se passe à merveille. Après, pour le côté humain, j'ai aussi pensé que ça allait être dur, mais le nouveau jeu que j'ai mis en place a plu à quasiment tout le monde et l'équipe est assez professionnelle pour que l'on ne soit pas face à des "non je veux pas faire ça" par exemple.

Dernière question, tu as pu voir l’engouement des fans américains lors de la MLG Columbus avec une Nationwide Arena pleine à craquer, qu’est-ce qui t’a marqué pour ta première participation à un évènement de cet envergure et quelles sont tes attentes par rapport à Cologne ?

DEVIL : Ce qui m'a marqué c'est surtout les cris de la foule qui donnent tout simplement envie d'être sur scène et casser des culs, ce qui j'espère arrivera à Cologne surtout qu’il y a le bus vakarm :D. Notre objectif est de passer les poules, après avec les joueurs avec qui je joue, je sais que tout peut aller très vite !

NBK

Salut NBK, lors de notre dernière rencontre à Katowice, vous nous aviez fait comprendre que l'équipe se trouvait dans une mauvaise passe, mais qu'aucun changement n'allait être effectué à court terme. Cependant, quelques jours après l'évènement, vous avez décidé d'écarter kioShiMa au profit de DEVIL, un choix surprenant pour une grosse partie de la communauté, mais surtout un véritable pari. De plus, on sait que certains membres de l'équipe ne connaissaient pas véritablement DEVIL à première vue, qu'est-ce qui vous a poussé à choisir ce joueur en particulier ?

NBK : Hello ! Pas évident de parler de problèmes internes aussi publiquement, surtout à l'époque où on était dans une période de trouble. On a essayé d'expliquer assez clairement nos problèmes généraux, mais pour le très interne et profond on garde toujours ça de notre côté.

Vis-à-vis de Devil, je pense qu'il était temps de ramener un peu de sang frais dans ces équipes qui tournaient toujours autour des mêmes joueurs, et la boucle semblait assez bouclée à ce moment là. Devil était le joueur bosseur du subtop dont on a entendu beaucoup de bien, et le choix s'est fait assez naturellement. 

Tout s'est en effet validé après avoir commencé à travailler avec lui, avec le côté sérieux et bosseur et l'envie de tout donner pour gagner ! Le début à juste été un peu compliqué car il est toujours dur d'intégrer un joueur étranger de nos "habitudes" dans le jeu et dans notre groupe humain, mais tout s'est amélioré relativement vite.

Peu de temps après l'échec de Katowice, vous avez dû vous envoler vers Columbus afin de participer au premier major sur les terres américaines, en compagnie de DEVIL. Malheureusement, malgré un groupe abordable et un changement de lead in-game, vous réalisez deux grosses contre-performances contre Counter Logic Gaming et Gambit Gaming, que s'est-il passé là-bas ?

NBK : La MLG a été adoptée d'une manière assez mauvaise de notre côté. Nous sommes venus avec la même mentalité de "tout peut se passer", et après une mauvaise entame sur le match CLG en étant complètement en dehors de la game sur le plan d'équipe, on se retrouve instantanément à une game de l'élimination. 

Malgré une bonne envie contre Gambit et une vraie envie de faire les choses bien en équipe, sur ce match ce sera tout simplement le côté in-game qui va pêcher : manque de niveau individuel, louper les clutchs et nombre de nos aggros trop simples et mal executées.

En fin de compte, ces deux bo1 se sont passés très vite (comme toujours pour ceux qui quittent les majors après deux défaites) et nous n'avons pas trop eu le temps de relever la tête. Notre niveau était beaucoup trop juste, et de nombreuses erreurs ont été faites sur la préparation & la mentalité d'équipe !

Suite à ce parcours raté, vous avez récemment dû passer par la qualification offline afin d'obtenir votre place pour l'ESL One Cologne 2016 et c'est grâce à vos trois victoires en quatre matchs que vous avez réussi à atteindre cet objectif. Durant cette qualification, nous avons eu l'occasion de voir DEVIL au lead. Pourquoi avoir à nouveau changé de leader alors qu'Happy avait repris les rênes de l'équipe à Columbus ?

NBK : Beaucoup de discussions internes ont mené à ce changement ! C'est encore une fois un choix qui a été fait en équipe, et le changement s'est fait assez naturellement. Pour retrouver un bon niveau d'équipe et indivuel, il faut que tout "clique" et que chacun se sente à l'aise et soit mis dans de bonnes conditions.

Devil étant le petit nouveau et ayant maintenant pris un rôle plus "support", les résponsabilités dans le jeu ont été ré-equilibrées et -quasiment- tout le monde se sent plus libre et à l'aise dans ses rôles. La dynamique de notre équipe est redevenue bonne et les résultats se ressentent. Devil endosse le rôle plus dur de mettre les autres joueurs en avant, ou de jouer des positions plus compliquées de bait mais à réussi à bien hausser son niveau de jeu dernièrement tout en remplissant son rôle parfaitement! Il reste à fixer nos problèmes d'impulsivité et de rounds clés perdus et on pourra re-viser le plus haut niveau !

Après avoir recruté DEVIL peu de temps avant la MLG Columbus, vous avez décidé de ne pas effectuer de bootcamp afin de vous entraîner ensemble. Pourquoi cette décision tout d'abord et avez-vous changé d'état d'esprit à ce niveau-là à l'approche de l'ESL One Cologne ?

NBK : Les bootcamps avec cette base d'équipe ne se sont jamais bien passés, tout simplement. On dispose de personnalités très fortes et le clash peut partir assez vite, et entraîner un manque de productivité complet. Le plus l'équipe restait ensemble dans le seul but de s'entraîner, le plus notre équipe stagnait voir régressait ! 

Après un peu de recul, c'est également le cas pour d'autres équipes : fnatic n'a jamais bootcamp, Na`Vi a quasiment arrêté, et les sessions intenses en équipe sont très courtes d'une manière générale. Notre nouveau régime d'entraînement online (13/14h-19/20h) en équipe nous a apporté beaucoup de succès et productivité et le rebondissement s'est fait très vite ressentir, bien plus que si l'on avait bootcamp.

De plus, chaque joueur à pu jouer de son côté pour reprendre du niveau individuellement ou travailler quelques moves avec beaucoup plus de légèreté en travaillant à son rythme et aux heures voulues. A chaque équipe de trouver son rythme et ses manières d'entraînement, chaque groupe de 5-6 joueurs ensemble est différent !

 Happy 

Hello Happy, alors que NBK avait repris le leadership de l’équipe, Next nous avait annoncé des changements de rôle au sein de l’équipe juste avant la MLG Columbus et c’est avec grande surprise que nous t’avions retrouvé au milieu de l’équipe lors de ce major. Sous ton lead, on avait pu voir une équipe EnVyUs extrêmement agressive en Terroriste avec un style de jeu « à l’ancienne » si l’on peut dire alors qu’en CT, vous étiez beaucoup plus frileux justement (pas ou peu de prise d’informations, des positions très reculées), je pense notamment au match contre CLG sur Cobblestone. Pourquoi y avait-il une si grosse différence de style entre ces deux sides ? Etait-ce dû à un manque d’automatisme lié à un changement de lead quelques jours avant ? 

Happy : Il s’est passé en effet beaucoup de choses en interne, dont la partie la plus importante ne s’est pas vue. En ce qui concerne la MLG, notre préparation d’une semaine ne nous a pas permis de faire face aux besoins que l’on avait pour passer cette poule à notre portée. Les bénéfices du changement ne se sont vus qu’après, à Malmö.

Vous avez ensuite reconduit l’expérience à la DreamHack Masters Malmö où ça s’est pas trop mal passé avec une demi-finale contre Natus Vincere à la clé, mais désormais avec le travail que vous avez dû fournir pour renouveler votre jeu, c’est DEVIL que nous avons retrouver au milieu de la table. As-tu complètement abandonné le lead à l’heure actuelle ou assistes-tu DEVIL lors de certaines prises de décisions par exemple ?

Happy : La majorité des calls sont faits par DEVIL, je pense que je fais 5 ou 10% grand maximum de calls sur une game côté terroriste. En CT, c’est plus équilibré même si la balance parfaite n’a pas encore été trouvée. Le gameplay que nous utilisons, en terme de strats ou de style de jeu reste dans les grandes lignes de la première version d'EnVyUs avec Richard et Eddy, donc qui vient principalement de mon jeu. Pour ce qui est du futur, je n’en ai aucune idée.

Pendant longtemps, tu as surpris énormément de monde par tes qualités de lurker, mais aujourd’hui, on a l’impression que tu es devenu très facile à lire pour la plupart des équipes. Par exemple, sur Cobblestone, lors d’une attaque placée sur le bombsite A, tu as tendance à jouer la coupe au niveau du skyfall et à de nombreuses reprises Gambit Gaming a parfaitement lu ton jeu lors des qualifications pour Cologne et a ainsi nullifié ton impact dans le round. En tant que lurker, est-il réellement difficile de pouvoir renouveler sa façon de jouer, d’approcher les choses ?

Happy : C’est une question assez difficile. Un joueur parfait aura toujours matière à renouveler son jeu, mais c’est assez ardu. Il faut d’abord comprendre que les coachs ont une influence énorme niveau informations in-game, un trick ou un timing perd de sa longévité quand tu joues des top teams. Aussi, le niveau ne cesse d’augmenter, les joueurs deviennent de moins en moins naïfs et comme vous avez pu le voir chez GeT_RiGhT récemment, malgré un regain de forme, ca s’est écroulé sur ses derniers events. Le contre-poids à tout ça est évidemment Richard, sa forme du moment lui permet de réussir la majorité de ses moves et quand c’est payant, son rôle devient très important et gratifiant. Mais encore une fois, il ne faut pas oublier où se situait G2/Titan il y a encore assez peu longtemps. CS:GO contient des cycles, influencés par la forme des joueurs, la méta game, les patchs… Cela fait cinq mois que mon niveau est moyen et que je me trouve très en dessous de ce que je pourrais faire dans l’équipe. Mais ne croyez pas que ce niveau est un choix personnel, j’y travaille à ma façon, et je pense qu’à un moment, il y aura de nouveau un déclic, il me reste encore à le provoquer. 

Contrairement à G2 Esports qui hérite d’une véritable poule de la mort, probablement la plus relevée de l’histoire des majors, vous tombez dans un groupe composé de Team Liquid, Virtus.pro et mousesports, soit trois formations qui semblent à votre portée sur le papier. Quelle est votre analyse de ce groupe ? 

Happy : Elle est simple, G2 a eu la poule de la mort, nous, à notre habitude, on a une poule piège, des équipes à niveau plus ou moins similaire selon leur forme du jour, tout peut arriver. Je pense sincèrement que G2 passera les poules, je suis même le seul apparemment à les voir soulever la coupe. Pour nous, si on entame bien les premiers matchs, il faut se souvenir que tout est possible, et que 4 de nos joueurs ont déjà remporté un major, ce n’est pas rien. 

Un dernier mot à dire aux supporters français qui se déplaceront avec le bus VaKarM en espérant vous voir à la LANXESS Arena à partir du 8 juillet prochain ?

Happy : Haha, c’est toujours délicat ça. J’ai juste un très bon souvenir du carré de fans français qui se trouvait dans le stade lors de mon parcours à Cologne en 2015, et ça faisait chaud au cœur. J’espère tout simplement vous donner assez de raisons pour vous déplacer jusqu’ici !